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Hommage visuel au maître Beckett

Samuel Beckett

Jusqu’au 25 juin 2007

Centre Pompidou, Niveau 6, 75004, 01 44 78 12 33
Billet musée et exposition: 10€

L’exposition d’arts visuels qui s’est ouverte au Centre Pompidou propose un regard transversal sur l’oeuvre complexe du dramaturge irlandais, Samuel Beckett (1906-1989). En faisant constamment référence aux artistes contemporains qui se sont inspirés de l’auteur de la célèbre pièce En attendant Godot (1953).

Un parcours en huit étapes permet d’appréhender les divers facettes de la créativité de Beckett, qui s’est distingué dans de nombreux domaines. L’enseignement à l’Ecole normale supérieure (Ulm), la traduction et la rédaction d’articles, la littérature (romans et poésie), le théâtre « pour sortir de l’enfermement du roman »), la Résistance polique contre le Nazisme, le volontariat pour la Croix-Rouge, le cinéma, la radio, et enfin l’écriture pour la télévision.

Samuel Beckett s’est aussi bien exprimé dans sa langue natale (il est né à Foxrock, au sud de l’Irlande) que dans son français d’adoption – il s’installe définitivement à Paris à partir de 1946 – ou l’allemand. Comme en témoignent les archives de ses notes et l’installation du cinéaste-écrivain Alain Fleischer. Celle-ci représente un livre ouvert gigantesque, recouvert des paroles de Beckett gravées dans les panneaux de bois et dont la lecture est rendue possible grâce à la projection lumineuse du texte par l’arrière.

Mais l’exposition donne surtout la préférence à l’audiovisuel pour rendre compte du monde beckettien – ses « objets » – à savoir, la nudité, le déchet, le rire, un crâne, un oeil, une chute, l’obscurité, une voix qui ne cesse de parler pour dénoncer l’échec de la parole, des ruines.

L’accent audiovisuel est rendu par les photographies des pièces et des répétitions, l’installation musicale du jeune compositeur Jérôme Combier imaginant la lecture de L’Impromptu d’Ohio sur un trio à cordes. Et surtout, la mise en relation entre le seul film, avant-gardiste, de Beckett – intitulé très sobrement Film (1964), tourné avec Buster Keaton, et l’oeuvre contemporaine Vidéo de Stan Douglas.

Concernant la production télévisuelle – série Quad (années 1980) – l’exposition relie l’oeuvre de Beckett à celle des minimalistes Sol LeWitt, Robert Ryman, et Richard Serra. Ces artistes ont pour dénominateur commun avec le dramaturge irlandais une même vision abstraite et géométrique de l’espace, l’économie des mots, et les jeux de logique (cf. in Fin de partie, 1957: Hamm. – « Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui se passe?, Clov. – Quelque chose suit son cours »).

Une rigueur et un style épuré qui se retrouvent dans la dernière partie de l’exposition, plongée dans la pénombre. Pour visionner quatre oeuvres écrites par Beckett pour la télévision anglaise et allemande (Nacht und Traüme, …but the clouds, ghost trio, what where).

Le choix de l’option audiovisuelle a le mérite de faciliter l’abord de l’oeuvre complexe de Beckett, marquée par ses obsessions, le mouvement, l’inquiétude, la radicalité de son écriture. Mais desquelles se dégage toute la puissance de la poésie en prose qui a fait la postérité de l’auteur.

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