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Dragons

Jusqu’au 1er mars 2026

#ExpoDragons

Musée du quai Branly – Jacques Chirac, quai Branly, Paris 7e

En collaboration avec le Musée national du Palais de Taipei (Taïwan), le musée du quai Branly propose une exposition sur la figure légendaire du dragon, né en Chine il y a plus de 5000 ans. En Asie, le dragon incarne le chi, le souffle vital, et assure l’harmonie du cosmos. Une image bien loin de la créature maléfique occidentale !

Quan GU, Immortelles, d’après Ruan Gao. Dynastie Qing (1644-1911), règne de Qianlong (1735-1796), 1772. Encre et couleurs sur papier © Musée national du Palais, Taipei

Le parcours offre un panorama du corpus visuel du dragon, de ses premières représentations sur du jade et du bronze, aux images populaires contemporaines. L’exposition décrypte les symboles de cet animal mythique et son rôle au sein de l’iconographie impériale. Plusieurs trésors nationaux sont présentés à cette occasion pour la première fois en France.

Plateau à décor de dragon. Dynastie Liao ou Jin, 10e-13e siècles. Jade © Musée national du Palais, Taipei

À commencer par un plateau en jade à décor de dragon (10e-13e siècle) qui illustre cet animal au corps à la fois aquatique, terrestre et céleste, qui n’a point besoin d’ailes pour voler. Selon le philosophe Wang Fu (2e siècle), le dragon est une combinaison de neuf animaux (cerf par les cornes, chameau par la tête, lièvre par les yeux, serpent par le cou, mollusque par le ventre, carpe par les écailles, aigle par les griffes, tigre par les pattes, boeuf par les oreilles).

Le jade – pierre dure, difficile à travailler, – incarne la longévité. Les personnes de haut rang se faisaient enterrer avec des dragons de jade, symboles de richesse et d’immortalité. Ainsi qu’avec de la vaisselle en bronze, ornée de dragon ; objet de prestige qui assure la communication avec les ancêtres.

Dans l’Antiquité, Zhu Xiang aurait créé l’écriture des griffes du dragon (4e siècle) à la demande de l’empereur Fuxi. Elle se caractérise par un tracé cursif, aux extrémités ornées, et dont les caractères sont parés de crochets qui évoquent la forme du dragon.

Le dragon figure dans les Trois Enseignements (taoïsme, confucianisme, bouddhisme) et possède le don de métamorphose. Il peut être aussi petit qu’un vers à soie que grand comme l’arc-en-ciel. C’est le maître des pluies et des montagnes. Il est à la fois serpent mythique indien (naga), gardien de l’enseignement du Bouddha, et monture des ancêtres immortels taoïstes. Parmi les douze animaux du cycle du zodiaque, le dragon est la seule créature imaginaire. Il symbolise force de caractère et réussite.

Déjà présent sur les objets régaliens dès l’âge de Bronze, le dragon devient un emblème impérial à partir de la dynastie Liao (907-1125). En particulier le dragon jaune (couleur du zénith) à cinq griffes, réservé aux souverains, et interdit par édit en dehors des arts officiels, entre 1111 et 1911. En attestent des seaux impériaux en jade réalisés pour les 70 ans et les 80 ans du règne de Qianlong (1735-1796).

Peinture sur rouleau d’une cérémonie impériale au temple de l’Agriculture de Pékin. « Shidian tu » 观耕卷. Règne de Yongzheng (1723-1735). Encre et couleurs sur soie, métal émaillé. Photo Pauline Guyon © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

En tant que relai entre le ciel et la terre, l’empereur – comme le dragon à cinq griffes – doit assumer une fonction rituelle à travers des prières et des sacrifices afin d’assurer l’harmonie entre les volontés célestes et humaines. Le dragon, détenteur des pluies, figure systématiquement sur le décor des cérémonies officielles. Comme sur cette peinture en soie illustrant des offrandes au temple de l’agriculture (règne de Yongzheng, 1723-1735), où l’on voit l’empereur, vêtu de la robe de dragon, procéder au rituel du premier sillon à l’aube du printemps.

Paris Lion Sport Association, danse du dragon. Représentation lors du Nouvel An Lunaire 2025, Paris XIIIe © Paris Lion Sport Association

Aujourd’hui encore, le dragon symbolise la puissance et la longévité. Il est parfois associé au phénix, autre être imaginaire, attribut de l’impératrice. Mais il est descendu de la sphère impériale pour se répandre dans la culture populaire. Jouets d’enfants, autels des ancêtres, films, et danses inspirées des arts martiaux témoignent de la fluidité de son corps qui permet de s’adapter à tous les supports. La danse du lion, auquel il est associé, apporte protection et prospérité lors du nouvel an lunaire et autres festivités locales, tant en Chine qu’à l’étranger.

Une exposition qui démystifie cette créature particulièrement graphique. Les oeuvres alternent entre « trésors nationaux », installation interactive qui permet de « s’envoler » tel un dragon dans un paysage traditionnel, et un superbe dragon-lion final.

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