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Tintin anime les murs du Centre Pompidou

Hergé

20 décembre 2006 – 19 février 2007

Centre Pompidou 75004, Forum, Mezzanine, Niveaux -1 et 1
Entrée libre.

Dans le cadre d’une exposition familiale, les célèbres héros d’Hergé sont présentés au Centre Pompidou afin de célébrer les trente ans de l’oeuvre du dessinateur belge.
Par la même, le musée national d’art moderne entend illustrer l’importance de la bande dessinée – souvent considérée comme un sous-genre littéraire – dans l’histoire de l’art du XXè siècle.

Plusieurs centaines de dessins et planches originales sont exposés en parallèle à des documents (photos de famille, notes inédites) relatifs à la vie privée et publique de Georges Remi, dit Hergé [RG] – ses initiales inversées – qu’il prend comme pseudonyme à partir de 1924.

G. Remi naît à Bruxelles en 1907 dans une famille modeste. Enfant, il passait ses heures de cours à gribouiller ses cahiers d’école. « A en croire mes parents, je n’étais sage que lorsque j’avais un crayon et un bout de papier. A sept ans, je griffonais des historiettes sur un gamin des rues. Je ne pouvais raconter une histoire que sous forme de dessins. Dans la classe, à l’heure des mathématiques, je remplissais mes cahiers de griboullages que je dessinais déjà sous forme horizontale; c’est ainsi que tout a commencé » (Libelle-Rosita, 24/12/1978).

Pourtant, un professeur – un certain Monsieur Deschamps – pensait que son élève inassidu ne ferait pas carrière: « [il a regardé mon dessin] avec une moue méprisante et m’a dit:’il faudra trouver autre chose pour vous faire remarquer!' ». Bien mauvais jugement!

En 1925, Hergé entre au service des abonnements du quotidien belge Le XXè siècle, dirigé par l’abbé Norbert Wallez. Il épousera la secrétaire de l’abbé, Germaine Kieckens, et fera carrière dans le journal. En 1928, il est chargé de créer un supplément pour les jeunes – Le Petit Vingtième, ce qui le conduit à imaginer les personnages de Quick et Flupke (1930). Cette même année, Hergé crée les personnages Tintin & co – son fidèle Milou, l’uluberlu professeur Tournesol, les policiers rocambolesques Dupond et Dupont, et le coléreux ivrogne bien que sympathique Capitaine Haddock.

Mais c’est en 1934 que la destinée d’Hergé s’élance lorsqu’il se lie d’amitié avec l’étudiant chinois Chang qui l’aide à réaliser le scénario du Lotus Bleu (1936). Chang convainc en effet son ami belge de travailler plus sa narration, d’éviter les personnages stéréotypés et de se documenter avant de construire son histoire. Hergé sera ainsi le premier à donner ses lettres de noblesse au genre de la bande dessinée en Europe.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Le XXè siècle est interdit par l’occupant allemand. Hergé publie alors dans Le Soir et les Coeurs Vaillants. Mais le directeur de la revue française n’apprécie guère le côté sans famille et non républicain de Tintin. « On aime bien Tintin mais voilà, il n’a pas de parents, il ne va pas à l’école, il ne gagne pas sa vie. Ne pourriez-vous pas créer une série du même genre mais où le héros aurait un père et une père et un petit chien ou un petit chat etc.? »! Hergé dit ne pas avoir été à l’aise avec ces clichés sociaux véhiculés par Jo & Zette. Alors que « Tintin (et les autres personnages), c’est moi, exactement comme Flaubert disait ‘Madame Bovary, c’est moi’. Ce sont mes yeux, mes sens, mes poumons, mes tripes! »

Les éditions Casterman, devenus l’éditeur des albums de Tintin standardisent la BD: 62 pages couleur par album (1942). La « Tintinmania » est amorcée. L’éditeur Raymond Leblanc lance l’hebdomadaire Tintin et en 1950 Hergé fonde les Studios Hergé pour pouvoir mener à bien On a marché sur la Lune (1954).

En 1958, Hergé traverse une crise personnelle, qui se lit entre les lignes de Tintin au Tibet – album sur la fidélité représenté dans l’exposition par une photo exceptionnelle du Dalaï Lama faisant sa lecture.
Le dessinateur divorce et épouse en secondes noces (1977) Fanny Vlamynck, jeune artiste entrée aux studios Hergé, qui fait naître en lui sa passion de l’art.
Le dessinateur prend alors le temps de vivre, il ralentit sa production de Tintin (auparavant, quasiment un album par an), voyage, collectionne les oeuvres abstraites et se fait mécène.

L’exposition composée de deux parties – tant au niveau spatial que thématique – se lit comme une BD dans des vitrines horizontales. Elle comporte également des panneaux verticaux pour « montrer l’oeuvre graphique d’Hergé » (Laurent Le Bon, commissaire de l’exposition et conservateur du musée national d’art moderne), comme une oeuvre artistique à part entière, tel un tableau de peinture. Au sol, des signes diacritiques ainsi que les célèbres mots du capitaine Haddock accueillent le visiteur: « Mille millions de mille sabords de tonnerre de Brest ». Une entrée en matière originale et amusante, l’idéal pour une expo de Noël.

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