Andrea Branzi, Open Enclosures
Jusqu’au 22 juin 2008
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-PATTI-SMITH—ANDREA-BRANZI-PATTI.htm]
Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, bd Raspail 75014, 01 42 18 56 50, 6,50€ (accès libre pour tous le mercredi entre 14h et 18h)
« Vous allez découvrir la partie cachée de l’iceberg ». Ainsi Grazia Quaroni, conservateur général à la Fondation Cartier, résume-t-elle l’ambition de l’exposition Land 250 consacrée à la célèbre musicienne new-yorkaise, Patti Smith. Si la voix de l’icône rock domine les salles d’exposition, fans mélomanes, ne vous attendez pas à entendre des enregistrements de ses tubes…
Comme l’explicite le titre, Land 250 – nom du polaroïd utilisé par Patti Smith -, l’exposition se rapporte aux autres facettes de sa créativité. La photographie, mais aussi le dessin qu’elle pratique depuis sa jeunesse, la poésie et le cinéma (essentiellement des courts-métrages).
L’exposition se décompose en trois salles. Une toute petite, au fond à gauche, avec un simple matelas au sol, quelques crayons de couleur, un tamis de riz, une vidéo – souvenirs d’objets d’apparence simples mais qui lui sont chers. Une autre recrée l’ambiance mystique de la relation qu’elle a entretenue avec le photographe Robert Mapplethorpe.
Au centre de l’exposition, dans la salle principale, Patti Smith a importé son canapé en cuir, des fauteils confortables, des tapis au sol, sa guitare pour recréer l’atmosphère de son salon new yorkais. Le public est invité à s’asseoir et à dialoguer avec son fils, Jackson, qui propose un atelier de guitare (plus de précisions auprès de l’accueil de la Fondation Cartier).
L’artiste autant que les visiteurs sont appelés à se sentir chez eux, à se libérer de toutes contraintes pour écrire de la poésie, composer de la musique, dessiner. « L’art c’est la liberté absolue » déclame la musicienne. « Le but de cette exposition est de communiquer avec le public, de partager mon univers personnel, mes créations mais aussi les artistes qui m’ont inspirés ».
Sur les murs autour de ce centre créatif sont exposés quelque 50 dessins poétiques et 250 polaroïds capturés par Patti Smith, essentiellement au cours de ballades à Paris – beaucoup sont prises au cimetière du Montparnasse où l’artiste aime se rendre pour prier et méditer – et à New York. « J’apprécie l’immédiateté du procédé photographique », confie-t-elle. « Il me procure un sentiment de libération, en comparaison avec le processus long et compliqué du dessin, de la musique ou de la poésie ».
Patti Smith a recours à la photographie dès 1967 en l’intégrant à des collages. Ces premiers clichés ont presque tous disparus. Elle y revient en 1995, après la mort brutale de son mari, le musicien Fred Sonic Smith (avec qui elle a eu Jackson et Jesse), et celle de son frère. L’artiste confie avec émotion comment elle s’est soudain sentie vidée, fatiguée. Le polaroïd lui a permis de reprendre confiance en elle tout en assouvissant son besoin impérieux de création artistique.
Land 250 reflète ainsi l’intimité de cette icône du rock. « Il ne s’agit pas d’une rétrospective biographique », précise Grazia Quaroni. « Les visiteurs qui apprécient son lyrisme ne seront pas surpris par cette exposition ».
De fait, Patti Smith est « en vrai » comme on se l’image derrière un écran de télévision ou au loin lors d’un concert. Spontanée, généreuse, intime, profonde. Une artiste qui martèle que sa valeur est le travail, qu’elle fuit les débordements, les excès souvent attribués à ses confrères. A la question de savoir ce qu’elle ressent face à son statut de célébrité, elle répond humblement: « Je suis une mère et mes enfant me rappellent tous les jours que je ne suis qu’un être humain ».