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Kiki de Montparnasse

Niki de Saint Phalle

Jusqu’au 2 février 2015

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Grand Palais, entrée Champs-Elysées, Paris VIII

De culture mi-française mi-américaine, femme mais de tempérament garçon manqué, Niki de Saint Phalle (1930-2002) développe une personnalité et une oeuvre bien plus complexe que ses colorées et rigolotes Nana ne pourraient laisser penser. Comme nous le fait découvrir la rétrospective qui lui est consacrée au Grand Palais, la première depuis la mort de l’artiste.

Niki de Saint Phalle, née à Neuilly mais élevée aux Etats-Unis, où elle finira sa carrière, s’imprègne à la fois de la culture américaine – des drippings à la Pollock au Pop Art, que du mouvement du Nouveau Réalisme français, dont elle est la seule représentante féminine.

Pierre Restany, critique d’art et membre fondateur du mouvement, l’invite à rejoindre ses acolytes après avoir vu son premier Tir (1961) – l’artiste tire sur ses oeuvres à la carabine dont s’écoule des flots de couleurs -. Oeuvre qui symbolise à la fois la « mort de l’art », la critique politique (l’artiste s’offusque de la liberté d’acquisition des armes aux Etats-Unis) et la pulsion féministe qui anime toute son âme et son oeuvre.

Niki de Saint Phalle n’a de cesse, en effet, de lutter contre la domination masculine. Pour elle, si le monde était régi par des femmes, les maux du XXe siècle (guerres, famines) seraient éradiqués. De fait, l’artiste dévoilera tardivement dans ses mémoires, Mon secret (1994, soit à l’âge de 64 ans), qu’elle a subi le viol de son père.

Un second élément biographique qui pourrait expliquer, selon moi,  cette rage qui sous-tend l’oeuvre de l’artiste – loin de l’humeur joyeuse que la femme affiche – est l’abandon de la garde de ses enfants à son ex-mari, l’écrivain américain Harry Mathews. Ce qui provoque en elle une blessure profonde qu’elle tente de combler en ne cessant de donner vie à de nouvelles créations plastiques.

C’est que Niki de Saint Phalle – surnommée Kiki de Montparnasse après s’être installée impasse Ronsin (derrière l’hôpital Necker) avec Jean Tinguely, autre membre des Nouveaux Réalistes (Arman, César, Martial Raysse…)- est ambitieuse. Elle l’une des rares femmes à avoir un projet d’envergure d’oeuvres publiques. Tout au long de sa carrière et à travers le monde se succèdent fontaines (dont la fontaine Stravinski à côté du Centre Pompidou), parcs pour enfants, jardins ésotériques. Son oeuvre finale et majeure, le jardin des Tarots en Toscane, sera auto-financée. Elle y conçoit le palais de l’Impératrice, tout en mosaïques miroitantes, qu’elle habitera.

Le parcours alterne entre les oeuvres sombres et  joyeuses, propose de nombreux documentaires vidéo, et apporte une relecture édifiante de l’oeuvre de Niki de Saint Phalle, axée sur son côté féministe et provocateur.

L’exposition plaira sans aucun doute aux femmes, à l’image de « elles@centrepompidou« , organisée par la même commissaire, Camille Morineau. En revanche, elle risque de déplaire à certains membres de la gente masculine. Ou plus précisément, comme j’ai pu l’entendre au vernissage presse, certains grinçaient des dents devant tant de féminisme mais reconnaissaient que « l’exposition est géniale ; la femme, elle … « !

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