Jusqu’au 19 janvier 2015
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-LE-P-RUGIN–MAITRE-DE-RAPHAEL-PERUG.htm]
Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, Paris VIII
Le musée Jacquemart-André fait le point sur les recherches entamées depuis 2004 sur celui qui pourrait être le maître de Raphaël : Pietro Vannucci, dit Le Pérugin (vers 1450-1523).
Après Fra Angelico et les Maîtres de la lumière (2011), le musée Jacquermart-André s’intéresse à un autre grand maître de la Renaissance italienne, Le Pérugin, considéré comme « le plus grand maître d’Italie », selon Agostino Chigi, banquier siennois et grand mécène de l’époque.
Le Pérugin naît dans une riche famille de Città della Pieve, petit bourg près de Pérouse (région de l’Ombrie). Ce centre urbain dynamique consacre une part importante de son budget à des commandes artistiques.
Rentré à Pérouse au début des années 1470, il rapporte le nouveau langage artistique appris dans la cité des Médicis : rendu du mouvement et de l’expression, maîtrise du modelé des corps, texture des drapés, vivacité des couleurs (Saint Romain, saint Roch et vue de Deruta).
De nature mélancolique, l’artiste confère ce sentiment à ses figures. Ses Vierges à l’Enfant, thème essentiel de son répertoire religieux, bien que douces de visage (sa Vierge à l’Enfant de la National Gallery, Washington, est inspirée du visage de sa propre femme) n’apparaissent jamais exaltées par leur maternité ! Mais c’est précisément cette langueur des figures qui lui apportent le succès. Les commandes se succèdent et Le Pérugin est bientôt appelé à Rome.
L’artiste se rend dans la Ville Eternelle en 1479 pour peindre le décor de la chapelle de la conception (aujourd’hui disparu) à Saint-Pierre. Consécration suprême, le pape Sixte IV lui confie le décor des murs de la chapelle Sixtine, en collaboration avec les peintres florentins Botticelli, Ghirlandaio et Rosselli. Plus précisément, Le Pérugin est chargé de la mise en regard des scènes de la vie de Moïse et de la vie du Christ. Selon lui, de l’art émane la perfection de la divinité ; son oeuvre devient message esthétique, éthique et religieux.
Dans les années qui suivent, Le Pérugin ouvre des ateliers à Florence et à Pérouse. Il donne une place prépondérante à la figure humaine, toujours dotée d’un sentiment de mélancolie et au corps relevant de la statuaire classique (Saint Sébastien, Galleria Borghese, Rome).
Lors d’un séjour à Venise en 1494, Le Pérugin découvre les couleurs flamandes, dont le vert et le bleu correspondent à sa nature mélancolique. Pour sa Madeleine (Galleria Palatina, Florence), il réalise un effet de sfumato innovant, en lui conférant de la profondeur.
A l’apogée de sa gloire, au début des années 1500, Le Pérugin réalise pour la marquise Isabelle d’Este un tableau allégorique pour son cabinet de travail (studiolo) au Palais ducal de Mantoue, en complément des toiles de Mantegna : Le Combat de l’Amour et de la Chasteté.
A l’inverse, deux panneaux du polyptique du Pérugin pour l’église Sant’Agostino (1500 jusqu’à sa mort en 1523) surprennent par la monumentalité des personnages, qui surpassent le paysage, et font preuve de l’influence, cette fois, de Raphaël sur Le Pérugin.
Si l’on ne peut affirmer que Raphaël ait été l’élève direct du Pérugin – certains pensent pourtant que ce n’est qu’en ayant fréquenté l’atelier du maître ombrien que Raphaël a pu réaliser sa prédelle du Retable Oddi (Musée du Vatican) -, pour Vittoria Garibaldi, « sans Le Pérugin, on aurait eu un autre type de peinture par Raphaël ».