Jusqu’au 26 mai 2008
Musée du Louvre, aile Denon, 1er étage, 75001, 01 40 20 53 17, 9€
Suite à l’acquisition du livre de la famille des Saint-Aubin en 2001, Pierre Rosenberg (président-directeur honoraire du musée du Louvre et membre de l’Académie française) a longtemps souhaité mettre en lumière les innombrables croquis parisiens de Gabriel de Saint-Aubin. Mais l’idée était restée en suspens. Jusqu’à ce que Colin B. Bailey, conservateur en chef de la Frick Collection de New York, relance Pierre Rosenberg…
Si peu de données sont connues concernant la biographie de Gabriel de Saint-Aubin (1724-1780), l’Almanach historique et raisonné de l’Abbé Le Brun (1777), nous apprend qu’il est le benjamin d’une illustre famille d’artistes. « Les Messieurs de Saint-Aubin sont quatre frères qui se distinguent dans les arts et dont les talents précieux ne doivent point être confondus. Le premier est Charles [-Germain] de Saint-Aubin, dessinateur du Roi pour la broderie et les dentelles […] Le second est Gabriel de Saint-Aubin, autrefois professeur de l’Académie de Saint-Luc, qui a tellement la passion de son art qu’il dessine l’Histoire en tout temps et en tout lieu. Le troisième est Augustin de Saint-Aubin, graveur en l’Académie […] Le quatrième est Louis de Saint-Aubin, peintre à la Manufacture de Sèvres ». Quelle pittoresque fratrie!
Hormis cette indication filiale, l’oeuvre, seule, permet de connaître la vie de Gabriel. L’artiste rate le Grand Prix – il arrive second -, ce qui le prive du voyage initiatique à Rome, où tout étudiant européen doit faire son apprentissage pour appréhender les maîtres de la Renaissance italienne.
Gabriel doit donc se contenter de Paris. Plutôt que de dessiner les curiosités locales, il capte l’évolution de la ville. Il modifie ce que son guide – Description de Paris (1742) de Piganiol de la Force (dont l’exemplaire personnel a été prêté par le Petit Palais) -, présente et ce qu’il observe entre 1770 et 1775 (cf. le plan historique de la Ville et des Faubourgs de Paris de Maurille-Antoine Moithey, 1774).
Si ses compositions paraissent brouillonnes de premier abord, il faut prendre le temps d’observer les multiples détails que retient l’artiste. « Comme les chats dans l’oeuvre de Bonnard, présents et cachés, ils sont malicieusement disposés afin d’arrêter notre regard. Il faut savoir les chercher, les surprendre, les découvrir », commente par analogie Pierre Rosenberg.