Jusqu’au 30 août 2009
Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, 5, avenue de Marceau 75116, 5€
… dixit Pierre Bergé pour synthétiser l’esprit de l’exposition sur le costume populaire russe à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent. Incroyable en effet d’imaginer le contraste entre la vie de labeur des paysans asservis et la joie des fêtes suggérées par le miroitement des couleurs de leurs costumes traditionnels.
Ces élements de base apparaissent durant le Haut Moyen-Age lorsque les Slaves de l’Est s’unissent aux Russes kiéviens.
Les hommes portent la chemise kosovorotka, tunique descendant jusqu’aux genoux et boutonnée sur le côté. Elle sera plus tard qualifiée de « chemise russe » pour la différencier de la tunique à échancrure droite des Ukrainiens et Biélorusses.
Jusqu’au XVIIIe siècle, le costume traditionnel masculin est porté sans distinctin de classe sociale, y compris le tsar.
La chemise s’accompagne d’une ceinture tressée, d’un pantalon et d’une chapka.
Un changement s’opère au XIVe siècle. Pierre Ier (1682-1725) introduit des réformes politiques, économiques et sociales, qui s’accompagnent au niveau vestimentaire par l’importation d’un costume de type européen. Mais seules les classes aisées puis les citadins peuvent l’adopter, les paysans conservant le costume traditionnel. Les femmes des villages de province portent ainsi une chemise, une jupe rayée en laine, un tablier, une ceinture, un plastron [empiècement rapporté et placé sur la partie supérieure (décolleté) d’un vêtement, le plus souvent un chemisier ou une blouse] et une coiffe dite kokochnik.
Le faible développement des échanges entre les citadins et la province favorise le maintien des traditions vestimentaires dans les villages. Sans compter que la fabrication du costume est manuelle et transmise de mère en fille, le préservant de toute évolution créatrice!
Ce statut quo prend fin après les réformes de 1860 et l’abolition du servage. La croissance des échanges commerciaux met fin à la production vestimentaire domestique. Les paysans achètent dorénavant des costumes manufacturés.
Les 45 mannequins superbement parés composent l’essentiel de cette exposition troublante d’esthétisme. Une série de photographies, issues des collections du musée ethnographique de la Russie, présentent des portraits de paysannes de la fin du XIXe siècle. L’univers rural est retranscrit par des gerbes de blé – une évocation à la nature rafraîchissante au coeur de Paris!