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La mode de l’Art Nouveau

Art Nouveau Revival

Jusqu’au 04 février 2010

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition—Conference-VISITE-GUIDEE—ART-NOUVEAU-REVIVAL-VGNOU.htm]

Musée d’Orsay, Niveau 2 (salles 67, 68, 69, 70) 1, rue de la Légion d’Honneur 75007, 9,50€

Exposition subsidiaire du musée d’Orsay, en marge de la (re)découverte de James Ensor, « Art Nouveau Revival » surprend par la richesse des objets présentés et sa coquette scénographie, signée Mattia Bonetti, designer et décorateur doté du Best Original Design Award en 2005. Si l’éphémère courant Art Nouveau triomphe à l’Exposition Universelle de Paris en 1900, il s’ensuit une vague de bimbeloterie qui ternit sa cote et conduit ses détracteurs à le dénommer « style nouille ». Mais, fort de ses atouts graphiques, il renaît de manière fulgurante dans les années 1960.

Articulée autour de dates clés – 1900, 1933, 1966, 1974 – l’exposition aborde l’importance de l’Art Nouveau dans l’histoire de l’art mais aussi celle du goût puisque le mouvement touche particulièrement le design, la décoration intérieure et le graphisme. Elle met également en avant, et c’est une première, l’enthousiasme des Surréalistes pour l’Art Nouveau.

En décembre 1933, Salvator Dali signe un article dans la revue Minotaure, « De la beauté terrifiante et comestible de l’architecture modern’style ». Tandis que dans ce même numéro André Breton dresse un parallèle entre le dessin médianimique et la ligne arabesque chère à l’Art Nouveau. Ce rapprochement naît de l’interprétation des formes architecturales d’Hector Guimard et d’Antoni Gaudi. L’exposition s’ouvre ainsi sur la reconstitution du portique de la station Montparnasse-Bienvenüe. Et présente une peinture de Clovis Trouille (Le Palais des Merveilles), qui enthousiasme Dali pour ses références à 1900.

Mouvement international qui est né de l’Arts & Crafts britannique en réaction aux dérives industrielles fonctionnelles, l’Art Nouveau entend insuffler à la création une énergie regénératrice. En s’appuyant sur une harmonie des couleurs et des formes organiques, souples, qui répondent aux exigences de l’homme moderne. « Quelle que soit leur nationalité, les maîtres de l’Art Nouveau, hantés par la fusion du rationalisme et de l’onirisme, n’ont cessé de recommander l’étude attentive des organismes vivants », commente Philippe Thiébaut, commissaire de l’exposition (conservateur en chef au musée d’Orsay). Formes végétales, animales et féminines sont au coeur de l’esthétique Art Nouveau, couplée avec une certaine dose d’abstraction. En atteste le miroir pour la Casa Mila (1906/10) de Gaudi, mis en parallèle avec le vase Savoy (1933) du designer finlandais Alvar Aalto. Le revival de l’Art Nouveau dans les années 1960 est permise par l’apparition de matières nouvelles qui permettent la mise en application de la fluidité des lignes et du rythme linéaire ininterrompu, préconisés dans l’Art Nouveau. L’Allemand Günter Beltzig bénéficie ainsi du polyester armé de fibre de verre pour sa chaise Floris (1967) alors que Carlo Buggati devait se contenter de bois gainé de parchemin pour sa chaise Escargot (1902).

Dans le domaine du graphisme, l’Art Nouveau surfe sur la vague du psychédélisme. A Londres et à San Francisco, les artistes créent des affiches sensibles plus que raisonnées en incorporant des jeux de courbes, des arabesques, des couleurs libérées. Le message s’efface devant le rythme de la composition. L’affiche de Bonnie MacLean pour le concert The Yardbirds (1967) reprend le motif du paon de celle d’Albert Angus Turbayne pour les éditions Peacock (1903), en plus psychédélique. C’est en effet l’heure des concerts rock et pop, organisés par Bill Graham, accompagnés de prise de LSD… Autres caractéristiques graphiques récurrentes: la chevelure féminine ondoyante, la dilatation et la déformation des caractères typographiques, l’alternance entre l’impétuosité et la mollesse du trait au sein d’une même composition.

La reconnaissance de l’Art Nouveau Revival est confirmée par une grande expositon au Victoria & Albert Museum de Londres, consacrée à Alfons Mucha (1963) et à Aubrey Beardsley (1966). Leurs oeuvres sont reproduites en posters et autres produits dérivés. Les magazines de l’époque consacrés aux baby-boomers (ELLE, Vogue, Playboy, Nouvel Adam) et à leur progéniture (Salut les copains, Mademoiselle âge tendre) emplissent leurs pages de modèles de textiles/papiers peints réédités, témoignent du retour à la mode du chignon 1900, des accessoires de style « nouille ». S’ouvrent les boutiques Biba à Londres, Ram-Dam à Paris. Les décors de film et de théâtre suivent avec en particulier la production La Puce à l’oreille de Georges Feydeau, présentée dans un total look Art Nouveau au Théâtre Marigny (1967).

L’Art Nouveau touche enfin la décoration intérieure avec le retour des éléments naturalistes. L’élément décoratif prône sur la problématique du design. A chaque période de crise s’ensuit un retour au « baroque éternel » (Etienne Souriau, professeur d’esthétique). Lorsque les valeurs morales sont brisées, les vérités d’autrefois piétinées, le retour à la nature-refuge, revient au galop. La nature entre dans le décor quotidien de l’homme moderne comme en témoignent le miroir aux branchages (1974-1985) commandé par Yves Saint Laurent à Claude Lalanne.
Aujourd’hui, c’est sous sa forme environnementale que la valeur nature entre dans les chaumières gauloises…

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