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Berthe Weill

Galeriste d’avant-garde

Jusqu’au 26 janvier 2026

#BertheWeill
@museeorangerie

Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries (côté Seine), Paris 1er

Le musée de l’Orangerie met à l’honneur Berthe Weill (1865-1951), une galeriste méconnue du public, qui a pourtant soutenu des grands noms comme Picasso, Matisse, Dufy, Rivera, Modigliani… L’intérêt de l’exposition réside dans la découverte d’oeuvres inconnues de grands maîtres et de noms aujourd’hui oubliés comme Emilie Charmy ou Pierre Girieud.


Raoul Dufy (1877-1953), 30 ans ou la Vie en rose, 1931. Huile sur toile © Paris Musées / Musée d’Art Moderne de Paris

Berthe Weill naît à Paris dans une famille juive modeste. Apprentie auprès d’un marchand d’estampes, elle décide d’ouvrir sa propre boutique d’antiquités et d’objets d’art dans le quartier de Pigalle, au pied de Montmartre, là où s’active la ruche de nouveaux peintres (1897).

Tel Picasso, dont elle vend les oeuvres avant même l’ouverture de sa galerie. Ou Modigliani, dont elle organise la seule exposition personnelle de son vivant (1917). Elle contribue à la reconnaissance des Fauves – groupe d’élèves de Gustave Moreau réunis autour de Matisse -, puis des cubistes et des artistes de l’École de Paris.

Émilie Charmy (1878-1974) Autoportrait, 1906-1907 Huile sur toile.
Collection particulière. Photo: © Studio Gibert. courtesy Galerie Bernard Bouche

Elle valorise également le travail des femmes comme celui d’Émilie Charmy, qui deviendra une amie, Hermine David ou Suzanne Valadon.

Otto Freundlich (1878-1943), Composition 1939, 1939
Tempera sur papier marouflé sur toile. Pontoise, musée Tavet-Delacour. Photo © musée d’art et d’histoire Pissarro-Pontoise

Au cours de sa carrière, elle présente plus de 300 artistes aux quatre adresses de sa galerie : 25 rue Victor-Massé, 50 rue Taitbout à partir de 1917, 46 rue Laffitte (1920-1934), 27 rue saint-Dominique jusqu’à la fermeture de sa galerie en 1941, suite aux misères de la guerre et à la persécution des Juifs.

Jean Metzinger (1883-1956), Champs de pavots, 1904. Huile sur toile. Minneapolis Institute of Arts, don Anne Dalrymple Hull © Adagp, Paris, 2024

Parmi les oeuvres que l’on découvre avec émotion, citons le Champs de pavots de Metzinger (1904) dans des tons rose-mauve d’une douceur incroyable ; Piana Corsica (1906) d’Émilie Charmy proposant un angle original sur un coin végétal surplombant la mer ; Le Cultivateur de Maurice de Vlaminck (1905) qui affiche un contraste détonnant entre le ciel nuageux, presque orageux, et la terre traitée avec des traits ocres et rouges ; La Jarretière violette de Kees Van Dongen (vers 1910) qui revêt les jambes d’une chair féminine, posant devant une ombre bleu foncée ; la Tour Eiffel de Diego Rivera (1914) qui présente une vue en perspective déconstruite sur le monument parisien ; Claudine au repos de Jules Pascin (1913) montrant une femme dont les seins nus sont pudiquement cachés par deux longues tresses, plongée dans ses pensées, le tout dans des teintes vaporeuses telle une aquarelle alors qu’il s’agit d’une huile ; La Cage d’oiseaux de Chagall (1925) avec son petit violoniste qui vole sous la cage qui semble flotter dans un décor de forêt ; la Composition abstraite de Jeanne Kosnick-Kloss (1934), située à la toute fin du parcours.

Une exposition qui ravit les sens, et apporte un bel éclairage sur une personnalité qui a participé à l’émergence des avant-gardes du XXe siècle, tout en permettant de découvrir des oeuvres ou des noms, oubliés de la postérité.

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