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Le « J’accuse » de Zola

Zola au Panthéon

Jusqu’au 31 octobre 2008

Panthéon, Place du Panthéon 75005, 01 44 32 18 00, 7,5€

Pour célébrer le centenaire de la « panthéonisation » d’Emile Zola, le Panthéon accueille une exposition rendant honneur au chef de fil du naturalisme. Auteur de la réconciliation nationale, après une lutte sans merci entre pro-et-anti dreyfusards.

Sans l’affaire Dreyfus, Zola aurait-il été admis dans la crypte des Grands Hommes? Pas sûr…
L’exposition choisit donc de mettre en scène la polémique liée à la condamnation du capitaine Dreyfus qui a valu à Zola, auteur des Rougon-Macquart (1871-93), la lente reconnaissance de la France à celui qui a sauvé l’honneur patriotique.

L’AFFAIRE DREYFUS

1894: Le capitaine Alfred Dreyfus, polytechnicien, juif d’origine alsacienne (1859-1935) est accusé de trahison: il aurait livré des documents confidentiels aux Allemands. A son procès, il est condamné à la perpétuité et déporté sur l’île du Diable (au large de la Guyane). Un an plus tard, il perd son grade militaire. L’opinion française est à ce moment là défavorable à Dreyfus. En 1896, le chef du contre-espionnage, le colonel Georges Picquart, révèle que le véritable coupable se nomme Ferdinand Walsin Esterhazy (commandant). Mais l’Etat-major renie cette accusation.

En 1897, Zola entreprend son début de campagne en faveur de Dreyfus pour rallier les intellectuels de gauche. C’est chose faite avec son terrible « J’accuse », publié dans L’Aurore (1898). Ce qui lui vaut un procès! L’écrivain est condamné à un an de prison et s’exile en Angleterre.

La Cour de cassation casse le premier jugement à l’encontre de Dreyfus qui est rappatrié en France. Mais sous l’effort de l’armée, le Conseil de guerre de Rennes condamne une nouvelle fois Dreyfus à dix ans de travaux forcés (1899). Le président de la République, Emile Loubet, intervient et gracie un hommé épuisé. L’innocence de Dreyfus n’est toutefois officiellement reconnue qu’en 1908. Le capitaine réintègre l’armée et participe à la Première Guerre mondiale.

LA RECONNAISSANCE DE ZOLA

Entre-temps Emile Zola meurt (1902). Une nouvelle polémique fait rage. Parlementaire cette fois-ci: ses cendres doivent-elles entrer au Panthéon? L’opposition nationaliste publie des caricatures violentes à l’encontre du futur Grand Homme. L’une d’elle représente la courtisane Nana, héroïne du livre éponyme (1880), entrant au Panthéon accompagnée de personnages de L’Assomoir (1877) ou de La Terre (1877) – [ces deux oeuvres font partie de la série des Rougon-Macquart]. « Paris s’adonne à la pornographie naturaliste », s’insurge le commissaire de l’exposition, Alain Pagès (professeur de littérature française à l’Université de Paris-III-Sorbonne Nouvelle).

La proposition de loi pour transférer les cendres de Zola au Panthéon – initiée par le député socialiste de Bourges, Jules-Louis Breton – est approuvée grâce au soutien de Clémenceau, alors président du Conseil: « Zola aimait la vérité. Il en a fait la preuve aux dépens de sa chair et de son coeur ».

Nouvelles caricatures et illustration dans la presse, dont celle de Georges d’Ostoya qui anticipe l’événement dans le journal L’Assiette au Beurre. Il représente les personnalités officielles, parmi lesquelles le président Armand Fallières, et A. Dreyfus, à la fin du cortège, isolé, mamonnant: « J’ai bien le droit d’assister à la cérémonie, puisque j’ai donné 100 francs pour l’érection de son monument ». L’antisémitisme continue de battre son plein…

Début juin 1908, un cortège part du cimetière de Montmartre pour rejoindre le Panthéon. Mais, et c’est le dernier sursaut dans l’affaire Dreyfus, le journaliste du Gaulois, Louis Grégori, spécialiste des questions militaires, tire sur le capitaine qui est blessé au bras. Le coupable se défend à son procès en affirmant qu’il ne voulait pas tirer sur la personne de Dreyfus mais sur le « dreyfusisme ». Il est acquitté!

L’exposition décrit en quatre temps les différentes polémiques liées à l’affaire Dreyfus en commençant par représenter la maison de Zola à Médan (près de Poissy), où l’auteur a écrit l’essentiel de son oeuvre. L’article « J’accuse » du 13 janvier 1898 est exposé, ainsi que les caricatures de l’époque. Enfin, un film retrace les principales étapes de l’événement, du début de l’Affaire à la « panthéonisation » de Zola.

Le tout est bien mis en scène et ranime de manière efficace ce souvenir qui, sans la participation active d’Emile Zola, aurait pu coûter l’honneur de la France…

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