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Parfums de Chine

La culture de l’encens au temps des Empereurs

Jusqu’au 26 août 2018

Catalogue de l’exposition : 

Musée Cernuschi, 7 avenue Vélasquez, Paris 8e

Le musée Cernuschi a pris le parti d’évoquer la civilisation chinoise impériale à travers l’art de l’encens et du parfum dans l’Empire du milieu, du IIIe siècle avant notre ère au XIXe siècle. Une exposition olfactive dépaysante.

Le parcours présente de nombreux brûle-parfums, en bronze, grès, laque et bambou. L’encens est d’abord considéré comme permettant de relier les divinités aux humains. Sous les Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), le développement des routes commerciales permet la découverte du bois de santal, du camphre, du benjoin, de l’oliban, qui dégagent des parfums intenses et donnent lieu à des compositions nouvelles.

Le bouddhisme est une autre composante de l’évolution de la culture de l’encens. Il est introduit en Chine sous le règne de l’empereur Mingdi des Han (r. 57-75). Mais il faut attendre la traduction des textes sacrés pendant la période des Six Dynasties (220-581) et des Tang (618-907) pour que les pratiques indiennes de l’encens s’intègrent à la culture chinoise.

« En insistant sur l’importance des matières aromatiques en tant qu’offrandes rituelles, le bouddhisme a donné lieu à une iconographie nouvelle où la représentation des brûle-parfums et des fidèles offrant de l’encens occupe un rôle primordial », commente Eric Lefebvre (directeur du musée Cernuschi).

Le parcours est ponctué de bornes olfactives où l’on peut découvrir la recette de parfums anciens (pour fumer les vêtements, les cheveux…), réinterprétés par François Demachy, parfumeur-créateur de la maison Dior Parfums, à partir de formules chinoises traduites et sélectionnées par Frédéric Obringer (CNRS), conseiller scientifique de l’exposition.

« L’étude des matières premières par combustion et même par ingestion – une découverte ! – a été très inspirante pour mener nos reconstitutions », précise F. Demachy.

Sous les Song (960-1279), la nouvelle élite lettrée introduit le parfum dans l’art de vivre. Pour la première fois, des ouvrages uniquement consacrés aux parfums sont publiés, grâce au développement des sciences et des connaissances botaniques. Le bois d’aigle ou bois d’aloès s’impose ; il devient le parfum préféré des lettrés et sert de base pour la réalisation de nombreuses compositions.

Les bâtonnets d’encens, apparus sous les Song, se popularisent sous les Yuan (1279-1368). Mais la forme principale de l’encens reste la galette, adaptée aux brûle-parfums domestiques, qui accompagnent la pratique de la lecture et de la méditation des lettrés.

Le parfum de l’encens s’adresse à un nez éduqué qui y décèle les fragrances  : santal, ambre gris, bois d’aigle auxquelles on peut ajouter du camphre, du clou de girofle, de l’avoine odorante, du musc, et du nard de Chine.

Cette culture de l’encens se poursuit chez les Ming (XIVe-XVIIe siècle), qui associe étroitement éducation et érudition. Dans leur résidence, le parfum est présent dans la salle principale, où l’autel des ancêtres occupe une place centrale. L’encens est également disposé dans des pièces privées. Il sert à la fois de purificateur d’air et de protection contre les mauvaises influences.

« Seul en méditation, sous l’auvent d’un jardin tout est en quiétude ; [Dans] de pures aspirations, la saveur de la Voie s’éternise.
Dans ce paysage printanier, quelques livres et rouleaux : Activités discrètes se poursuivant [dans] les effluves d’un brûle-parfum » (Wen Zhengming, 1470-1559).

Les galettes d’encens permettent également de se parfumer, déposées discrètement dans un sachet que l’on dispose dans une poche de manteau ou autour du cou. Les femmes piquent leurs cheveux de fleur (jasmin, osmanthe) ou s’enduisent de macérats (fleurs et huile de sésame). Autant pour sentir bon pour que des raisons thérapeutiques : les substances sont réputées pour « éclaircir l’esprit, réjouir le coeur, favoriser la circulation du sang et des souffles ». Les parfums soulignent ainsi un statut social et assurent santé et bien-être.

Dans la dernière dynastie – les Qing (XVIIe-début XXe siècle) -, l’encens va jusqu’à disposer d’un statut de bien d’Etat et est conservé dans les dépôts impériaux. Il sert d’offrandes lors des cérémonies qui se tiennent au sein de la Cité interdite autant que de prescriptions médicales pour les membres de la famille impériale.

Une manière originale et savante de présenter la civilisation chinoise. Cette exposition m’a fait réaliser que je perpétuais à travers mes rituels de beauté une longue tradition asiatique !

 

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