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Nous Les Arbres

Jusqu’au 10 novembre 2019

Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 bd Raspail, Paris 14e

La Fondation Cartier pour l’art contemporain s’intéresse à un sujet d’actualité bouillant : l’écologie. Avec « Nous les Arbres », elle expose la relation intime qu’entretient une communauté d’artistes envers les quelque trois mille milliards d’arbres présents sur Terre.

Luiz Zerbini, Monstera Deliciosa, 2018
Monotype sur papier. Collection de l’artiste, Rio de Janeiro
© Luiz Zerbini / Photo © Pat Kilgore

Les arbres comptent parmi les plus anciens organismes vivants de la planète. La première forêt fossile connue date de 385 millions d’années. Le monde végétal représente 82,5% de la biomasse terrestre. En comparaison, l’Homme n’a que 300.000 ans d’existence et ne représente que 0,01% de cette masse organique. De quoi le faire tomber un peu plus de son piédestal!

Le monde végétal vivant est aujourd’hui menacé par l’activité humaine. L’exposition donne la parole aux artistes, botanistes, et philosophes qui ont développé un lien intime avec les arbres, particulièrement étudiés par les scientifiques ces dernières années.

Francis Hallé, Moabi, Baillonella toxisperma, Langoué, Gabon, 2012
Crayon et encre sur papier. Collection de l’artiste
© Francis Hallé

« Je me demande si le rapport premier aux arbres n’est pas d’abord esthétique, avant même d’être scientifique. Quand on rencontre un bel arbre, c’est tout simplement extraordinaire », commente le botaniste Francis Hallé.

Le parcours de l’exposition se déroule selon trois axes : la connaissance des arbres – de la botanique à la nouvelle biologie végétale -, leur esthétique – de leur contemplation naturaliste à la transposition onirique -, et leur saccage (constat documentaire et témoignage artistique).

(c) Luiz Zerbini

Au rez-de-chaussée, l’artiste qui m’a le plus marqué se nome Luiz Zerbini (Brésil). Il réalise des immenses toiles et une table-herbier dans lesquelles il mêle la végétation amazonienne aux déchets de la modernité urbaine. On découvre ainsi caché ici et là parmi un sable blanc magnifique un bouchon de bouteille en plastique, une douille, des restes de filet de pêche, etc. L’artiste compose également des monotypes ou impressions directes de feuilles, de fleurs et de branches sur du papier coton.

Face à cette forêt luxuriante qui donne l’impression de pénétrer dans la peinture sont exposés des dessins de trois artistes yanomami (Amazonie, Brésil) : Kalepi, Joseca et Ehuana Yaira. Véritables habitants de la forêt, ils évoquent dans leurs dessins les êtres visibles et invisibles qui peuplent leur habitat.

Auteurs inconnus, Ensemble d’ex-voto anatomiques en bois, vers 1960/80

Dans la petite salle du rez-de-chaussée, on découvre un ensemble d’ex-voto sculptés en bois et un film de Raymond Depardon et Claudine Nougaret (France) qui emprunte le point de vue de l’arbre.


Johanna Calle, Sangregado, série Perímetros, 2014
Texte dactylographié sur papier notarial ancien
Collection Archivos Pérez & Calle, Bogotá
© Johanna Calle

En descendant au sous-sol, j’ai toute de suite été interpellée par les silhouettes des arbres de Johanna Calle (Colombie). En m’approchant, je me suis rendue compte que ces arbres était composé d’un feuillage dactylographié. L’artiste retranscrit sur d’anciens livres notariaux la Ley de Tierras. Cette loi des Terres permet aux paysans déplacés de revendiquer la propriété des sols où ils ont planté des arbres.

Cesare Leonardi et Franca, Stagi Fraxinus excelsior L.
Dessin original réalisé à l’échelle 1/100, 1963-1982
Encre de Chine sur papier calque
Archivio Architetto Cesare Leonardi, Modène
© Cesare Leonardi et Franca Stagi

J’évoquerai également le travail de longue haleine des architectes et designers italiens Cesare Leonardi & Franca Stagi. Ils ont consacré près de dix ans à observer et dessiner différentes espèces d’arbres urbains. Ils ont ensuite créer des parcs dont la végétation évolue au fil des saisons grâce à cette approche méthodique.

Un travail à rapprocher de celui de Stefano Mancuso, fondateur du Laboratoire international de neurobiologie végétale (Florence) dont les recherches portent sur la capacité de mémoire, de symbiose et de communication des arbres. Ses aquarelles rappellent la tradition des botanistes-dessinateurs fascinés par l’esthétique des arbres et dressent un pont entre science et art.

(c) Thijs Biersteker & Stefano Mancuso, Symbiosia, 2019

Lien que l’on retrouve à l’extérieur dans Symbiosa, imaginée par Thijs Biersteker (Pays-Bas) et Stefano Mancuso. Il s’agit d’une installation mi technologique mi poétique. Douze capteurs posés sur deux arbres du jardin traitent en temps réel des informations émises par ces derniers.

En scannant des QR codes, on peut écouter sur son téléphone des fiches botaniques de 24 essences d’arbres du jardin de la Fondation. Puis, on atteint un arbre factice réalisé par Fabrice Hyber (France), qui a par ailleurs planté près de 300.000 graines d’arbres dans sa vallée vendéenne.

Une exposition fondamentale pour qui aime l’univers végétal !

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