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Maurizio Cattelan

Not Afraid of Love

Jusqu’au 8 janvier 2017

Monnaie de Paris, 11 quai de Conti, Paris 6e

 

Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu une exposition à la Monnaie de Paris. J’attendais celle qui allait être autre chose que de l’art-spectacle ! Car comme le dit lui-même Bernard Blistène (Directeur du MNNAM – Centre Pompidou), « Le village, c’est l’art contemporain où il fait bon de battre le tambour pour se faire entendre ! ». L’exposition de Maurizio Cattelan, « Not Afraid of Love » provoque, certes, mais avec humour ET intelligence.

Toujours aussi facétieux à 56 ans, l’artiste italien (né en 1960 à Padoue) avait annoncé son retrait de la vie artistique, après son exposition « All » au Musée Guggenheim de New York, en 2011. « Disons que c’est une exposition post requiem. Comme dans la nouvelle de Poe, je fais semblant d’être mort, mais je peux encore voir et entendre ce qui se passe autour ».

Non seulement, M. Cattelan revient sur le devant de la scène, mais il nous fait un pied de nez en ne présentant aucune nouvelle oeuvre ! En revanche, sa sélection et l’organisation de ses pièces les plus emblématiques en révèlent un peu plus sur l’artiste, lui qui n’aime pas se livrer au public. C’est certainement son exposition « la plus parlante », commente Chiara Parisi, commissaire de l’exposition.

Dès la montée de l’escalier d’honneur, le visiteur est interpellé par un cheval pendant au dessus de sa tête (Novecento, 1997) et une femme cloutée (La Donna, 2007) au mur ! Lévitation ou potence ? L’artiste – représenté sous sa forme miniature (Mini-Me, 1999) – observe la scène et met en avant la férocité du monde autant que la légèreté avec laquelle nous pouvons nous en accommoder.

Dans le Salon d’honneur, Tambourino (2003) appelle au son de son tambour le visiteur à observer La Nona Ora (1999) : figure du pape Jean-Paul II, porteur de la croix et du poids du monde, terrassé par une météorite, force naturelle…tombée du ciel.

On trouve ensuite l’artiste miniature perché en haut du mur, aux côtés de pigeons, puis tombé dans un trou, dont seule la tête jaillit du sol (Sans titre, 2001). Vision de la l’artiste par rapport à sa carrière et ce pourquoi il y avait mis fin. « A ce moment-là, j’étais à la dérive, je flottais à la surface d’une routine quotidienne, indifférent à tout ce qui m’entourait. J’ai réalisé qu’il me fallait prendre un risque : une situation drastique exige des mesures drastiques. J’ai eu besoin de faire une pause, d’oublier ce que j’avais appris et de redécouvrir comment faire les choses. »

 

De loin, le visiteur est attiré par un enfant agenouillé de dos, priant. De face, on reconnaît Hitler, la figure du Mal (Him, 2001). D’autres oeuvres ponctuent le parcours mais celle-ci m’a particulièrement interpellée. Or justement… « Mon interprétation du rôle d’artiste n’a de sens que lorsque je parviens à aller plus loin, lorsque mon travail a un impact qui vous perturbe, qui vous permet de voir les choses autrement ou qui vous fait appréhender la vie quotidienne différemment ». Et d’ajouter « Ce qui est intéressant, c’est la manière dont on regarde les oeuvres, le pouvoir qu’on leur donne ».

Au final, peu d’oeuvres et pas des nouvelles mais de « bonnes » oeuvres, qui prouvent leur intemporalité car elles dépassent les unités de temps et de lieu. Leur combination fait osciller le visiteur entre choc et sourire. Elles sont accompagnées de textes d’intellectuels, d’Olivier Py à Bernard Henri-Lévy, en passant par Oliviero Toscani. Malheureusement, comme trop souvent, les cartels sont très mal disposés. Ici, dans le passage étroit des couloirs ce qui gêne leur lisibilité alors que l’éclairage qu’ils apportent sont particulièrement intéressants.

 

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