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Matisse – Cahiers d’art

Le tournant des années 1930

Jusqu’au 29 mai 2023

#ExpoMatisse

Musée de l’Orangerie, place de la Concorde, Paris 1er

Au tournant des années 1930, Matisse (1869-1954), de son propre aveu, a besoin de se réinventer. Il voyage à Tahiti et aux États-Unis, peint peu, observe beaucoup. Le musée de l’Orangerie dresse un portrait de ce renouveau de son travail, paru dans la revue Cahiers d’art dès 1926. Un parcours bref, qui s’étale sur une seule décennie, mais éloquent.

Henri Matisse, Papeete-Tahiti (Fenêtre à Tahiti ou Tahiti I), Octobre 1935. Huile sur toile. Nice, musée Matisse Nice © Succession H. Matisse Photo Musée Matisse, Nice / François Fernandez

À la fin des années 1920, Matisse est installé à Nice. Il peint des intérieurs et des odalisques qui plaisent mais lui-même est lasse et entre dans une phase de doute. À 60 ans, il sent le besoin de renouer avec la radicalité de ses années de jeunesse à Paris.

Il voyage un an Outre-Atlantique, passe six mois entre New York et San Francisco, suit les pas de Gauguin à Tahiti (trois mois), revient par la Martinique et la Guadeloupe. À son retour, il change d’échelle.

Il séjourne rapidement à Padoue (Italie) où il admire les fresques de Giotto (1267-1337) avant de réaliser La Danse (1933), large composition murale destinée à la Fondation Barnes à Mérion (États-Unis). Avec cette oeuvre, il expérimente les papiers gouachés et colorés, qui renouvellent son approche de la ligne et de la couleur. Et sa méthode de travailler : il prend le temps de photographier l’avancée de ses travaux. Geste qu’il reproduira dans la genèse de toiles comme Grand nu couché (1935) ou La Robe bleue et mimosas (1937).

Cahiers d’art, 1926, N°7, Page 153, « Œuvres récentes de Henri
Matisse » © Editions Cahiers d’Art, Paris 2023

Son activité artistique est alors suivie par la revue avant-gardiste Les Cahiers d’Art, « bulletin mensuel d’actualité artistique » édité par Christian Zervos en 1926. Ce dernier se veut le chantre du modernisme international en accordant une place majeure à l’image reproduite, avec deux peintres emblématiques, Matisse et Picasso.

Pablo Picasso (1881–1973), Illustrations pour les
Métamorphoses d’Ovide, Combat pour Andromède entre Persée et Phinée
, 1930. Estampes, épreuves, eaux-fortes sur cuivre. Musée national Picasso-Paris © Succession Picasso 2023. Photo RMN – Grand Palais (Musée National Picasso-Paris) / Thierry Le Mage

« Je me suis installé plusieurs fois pour en faire [de la peinture], mais devant la toile je n’ai aucune idée tandis qu’en dessin et en sculpture, ça marche à souhait ». Matisse se consacre dès lors au dessin et à la gravure. Il a pour projet d’illustrer les Poésies de S. Mallarmé (1930), puis Ulysse de J. Joyce (1934). Dans le même temps, Picasso s’attèle aux illustrations des Métamorphoses d’Ovide (1930).

Le renouveau de la peinture de Matisse s’opère à la fin des années 1930 dans ses nouveaux ateliers niçois. Le maître compose des nus et des figures féminines portant des blouses folkloriques, et posant au milieu d’une flore et d’une faune exotiques.

Henri Matisse, La dame en bleu et mimosas, 1937. Huile sur toile. Philadelphia museum of art © Succession H. Matisse
Photo Philadelphia Museum of Art

Fenêtre à Tahiti (1935) – « L’obsession de Tahiti ne l’a pas quitté », écrivait L. Aragon -, qui pensait de Femme à la voilette (1927) qu’elle était aussi « tragique que la Joconde » ; femme icône de La dame en bleu et mimosas ; et renversant Grand nu couché (Nu rose) pimentent ce parcours qui attirent les foules de touristes. Armez-vous de patience et misez sur les nocturnes pour admirer ces chefs-d’oeuvre !

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