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Libertude, Egalitude, Fraternitude

Mai 2007, Ségolène Royal est élue
Un conte de fées écrit par Christophe Alévêque et Hugues Leroy

Nova Editions, juin 2010, 302p., 16€

Tandis que les socialistes se disputent comme des enfants pour les primaires de 2011, Christophe Alévêque et Hugues Leroy sortent un livre hilarant d’une actualité brûlante, alors que Ségolène Royal vient d’annoncer sa candidature pour les prochaines présidentielles. Libertude, Egalitude, Fraternitude part de l’hypothèse que la présidente de la région Poitou-Charentes avait justement été élue en 2007…


Que ceux qui s’apprêtent à soutenir Mme Royal ne se sentent pas offusqués; chaque personnalité politico- médiatique en prend pour son grade dans ce « conte de fées » parodique. Mais il vrai que Dame Chabichou est particulièrement crottée!

En atteste son discours de victoire électorale qui met en exergue, avec force humour, tous les tics de langage et le ridicule de certains concepts que Mme Royal a développés durant la campagne de 2007 « Alors moi, cette parole que vous avez prise, je vous demande de la garder, tout en laissant une place à ceux qui ne l’ont pas prise – mais aussi à tous ceux qui ont pris une parole différente, ainsi qu’à tous ceux qui n’ont pas pris la parole alors qu’elle était différente et enfin, à tous ceux qui ont cru prendre la parole alors qu’ils ne l’ont pas encore prise, qu’elle soit différente ou pas. Désormais tout est possible! […] Au début de cette aventure, nous n’étions qu’une poignée, et pourtant… Cette poignée de gouttes d’eau a fini par former un ruisseau, puis une rivière, puis un océan, jusqu’au stade de l’évaporation – et puis, à nouveau, d’autres poignées de gouttes, d’autres ruisseaux, d’autres rivières, jusqu’à un océan de démocratie: et cela, c’est la démocratitude » (p.10).

Détaillant les réactions de ses partenaires ou rivaux politiques, les auteurs font dire à Lionel Jospin: « ‘Cette fois-ci, c’est pour de bon.’ [Il] annonce qu’il se retire, de façon définitivement définitive, de la vie politique nationale. Lionel Jospin vivra dorénavant reclus sur l’île de Ré. Il entamera l’écriture d’un livre sur la rédemption, Tout est de ma faute, resté inachevé » (p.16).

Au centre, « François Bayrou annonce le lancement d’un nouveau parti – le Mouvement démocrate – dont il détaille la stratégie ‘ambidextre’, reposant sur un appel aux ‘bonnes volontés de droite, de gauche, d’en haut, d’en bas, de derrière, de devant, pour avancer, ensemble, dans toutes ces directions à la fois' » (p.15).

Notre actuel président se fait lyncher de la sorte: « Nicolas Sarkozy, qui en a assez de tourner en rond sur son Zodiac, face au cap Nègre où le yacht de son ami Bolloré est ancré, décide de rentrer à Paris dans la voiture de Gilbert Montagné. Il est appelé en route par TF1 qui lui propose une interview pour le soir même. Il accepte, ce qui l’oblige à prendre le volant. Voici les grandes lignes de son passage sur TF1, interviewé par une Claire Chazal très agressive à son encontre. ‘Vous n’avez pas voulu de moi; maintenant, je vais faire du fric. Oui, du fric! Je le dis clairement à tous les Français… »(p.43).

Quant aux intellectuels de ce pays, cela donne:

« Fidèle à ses convictions humanistes et à son sens exigeant du rôle de l’intellectuel, Glucksmann n’a pas hésité à s’attirer les foudres de ses amis à gauche, en se prononçant pour le candidat international de l’engagement international. Nicolas Sarkozy, il en est certain, aurait sauvé le Tibet, la Tchétchénie ou le Darfour de la folie des hommes: hélas, il n’en sera rien » (p.13)

« Bernard-Henri Lévy s’est vu proposer la culture à condition de renoncer définitivement à tout favoritisme et d’écarter ses amis de son cabinet. La tâche se révèle impossible: Bernard-Henri Lévy a trop d’amis. Il se retrouve porte-parole de l’Elysée. C’est donc lui qui annonce, fièrement mais humblement, la composition d’un gouvernement resséré, avec une cravate neuve achetée pour l’occasion par Arielle Dombasle aux puces de Saint-Ouen, pour ne pas faire ‘trop' » (p.35).

Hilarante dans les premières pages, la parodie lasse sur la longueur. Mais elle a le mérite de pointer du doigt le travers des grands de ce monde. A lire impérativement avant de se décider pour qui voter en 2011!

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