Site icon Artscape

Le regard de l’autre, vu par Jean-Baptiste Huynh

Jean-Baptiste Huynh, le regard à l’oeuvre

Ecole nationale supérieure des beaux-arts, salles d’exposition, 13 quai Malaquais 75006
24 octobre 2006 – 14 janvier 2007
01 47 03 50 00 (standard école)

L’ENSBA organise la première exposition personnelle d’envergure de Jean-Baptiste Huynh, photographe franco-vitenamien, qui place les portraits au coeur de son oeuvre humaniste.

Regards, visages et mains de tous les pays, natures mortes et paysages féériques – l’oeuvre de J.-B. Huynh se distingue par son traitement pur du noir et blanc et par ses effets stylisés, inspirés d’une nature qu’il sait rendre belle. A moins que ce ne soit le photographe qui se fait simplement l’echo d’une Nature, belle par essence?

Cette exposition s’inscrit dans le cadre du Mois de la Photo à Paris, dont le thème cette année est « la page imprimée ». J.-B. Huynh présente ainsi ses portraits comme des images tout droit sorties d’un livre. D’ailleurs, un film, intitulé Sans Page présente une sélection de ses photographies comme les pages d’un recueil qui se tournent virtuellement.

Jean-Baptiste Huynh naît en France (Chateauroux) en 1922, d’une mère française et d’un père vietnamien. Passionné de photographie, il apprend seul les rudiments de l’art, en particulier la maîtrise de l’éclairage.

Quel que soit le thème abordé, sa démarche est la même: il choisit un modèle, souvent unique – ou deux personnes reliées entre elle (par exemple, une mère et son enfant) -, qu’il place devant un fond neutre et sous une seule source de lumière.

Pour les paysages et les natures mortes, il sélectionne une fleur, une vue ou un objet emblématique du pays visité. Ainsi en est-il du chrysanthème, du pinceau, de l’encens, et de la mer, pour le Japon.

Plus stylisés – comme les reflets du scintillement du soleil sur la mer ou les volutes de fumée – les paysages de Huynh frappent par leur raffinement et leur dénuement extrême.

Quant à ses portraits, tirés en noir et blanc – avec un traitement particulier à partir de sels d’argent – ils marquent par la force des regards qui semblent s’adresser directement au visiteur. Ils donnent l’impression de vouloir établir un dialogue, d’où l’émotion forte qui naît. Pour ceux qui savent les regarder.

L’artiste parvient à rendre le regard aux aveugles ou la beauté des traits des vieillards dont les plis infinis de la peau rappellent les lignes d’un livre.

Compte-rendu de ses nombreux voyages en Asie (Viêtnam et Japon), en Afrique (Mali, Ethiopie, Egypte), en Inde et en Europe, l’exposition de l’ENSBA propose une vision transversale des populations étrangères. Dans une volonté de montrer la ressemblance dans l’altérité.

Des photos d’un esthétisme pur, clair, élégant, dont le seul reproche serait qu’il soit trop poétique. Car il est difficile de vendre l’unique beauté de pays que l’on sait touchés par une pauvreté extrême. Dans ce contexte, le photographe a le mérite de rendre hommage aux modèles tout en risquant de passer à côté de l’essentiel. Le spectateur ne peut en effet se contenter de cette seule beauté artistique comme compte rendu de ses voyages.

Quitter la version mobile