Jusqu’au 1er juin 2009
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-LA-FORCE-DE-L-ART-02-FORAR.htm]
Grand Palais, avenue W. Churchill 75008, 6€
Deuxième édition de cette triennale de l’art, La Force de l’Art 02 entend valoriser la créativité de la scène artistique française. Relayée sur l’ensemble du territoire bien que l’essentiel des installations se concentre à Paris, cette manifestation d’art contemporain vise selon les mots de la ministre de la Culture et de la Communication, Mme Christine Albanel, à « permettre à tous d’en faire une expérience directe ».
Contexte. Si le public est certes invité à se confronter librement aux oeuvres des artistes contemporains français (ou ayant choisi l’Hexagone pour vivre et travailler), il peut être aiguillé par des médiateurs culturels, offrant les clés de compréhension du travail présenté. Ce qui s’avère bien utile dans certains cas!
Ainsi est-il intéressant d’apprendre qu’Olivier Bardin (né en 1969 à Saint-Etienne) a décidé de changer de projet à la dernière minute, une fois qu’il a visuellement perçu l’espace imaginé pour lui par le scénographe de l’exposition, Philippe Rahm. Sa forme elliptique évoquant pour l’artiste l’image d’une pétale, il l’a recouverte de photographies de visages d’étudiants fixant l’objectif. Résultat: on ne sait plus qui du visiteur ou du sujet photographié regarde qui. Pour épouser la forme du mur, les photos sont légèrement décollées du mur en début de journée et, par un effet magnétique (?), se retrouvent plaquées en fin d’après-midi. S’amusant avec le spectateur, l’artiste a glissé au milieu de ce panorama photographique un seul visage unique… à vous de jouer!
Littérature. Jean-Baptiste Ganne (né en 1972 à Gardanne) et Véronique Aubouy (née en 1961) s’inspirent de la littérature pour la transcrire en images. Le premier propose une illustration photographique du Capital de Marx et une lecture « lumineuse » de Don Quichotte de la Mancha de Cervantès. La seconde présente une fresque cinématrographique qui rassemble des centaines de personnes lisant à voix haute des textes de Proust.
Cinéma encore avec l’oeuvre de James Coleman (né en 1941 en Irlande), qui reconstitue une bataille de l’histoire américaine sous la forme d’un film où les pixels sont visibles plus on s’approche de l’oeuvre. L’artiste décompose ici les différentes étapes du montage d’un film.
Histoire. Pascal Convert (né en 1957 à Mont-de-Marsan) rejoint Stéphane Calais (né en 1967 à Arras) par leur reconstitution de deux histoires réelles. P. Convert réalise une oeuvre en cristal à partir d’une photographie du résistant Joseph Epstein (exécuté en 1944) tenant son fils à bout de bras comme pour le sauver de la barbarie nazie. S. Calais relate l’histoire de l’artiste juif Bruno Schulz qui devient le protégé involontaire d’un officier allemand. Pour tenter de sauver sa vie, Schulz doit décorer la chambre de l’enfant de l’officier. En vain – il sera tout de même assassiné. En mémoire de son travail, Stéphane Calais représente des ruines décorées.
Musique. Nicolas Fenouillat (né en 1978 à Grenoble), à la fois artiste plasticien et musicien, transcrit les battements de son coeur lorsqu’il joue de la batterie et les vibrations de son instrument en un plan-relief en bois – partition musicale sans son, qui est transposée en sculpture.
Nous pourrions encore évoquer Les Agitateurs de Philippe Mayaux (né en 1961 à Roubaix) – bras métalliques brandissant des pancartes dont les revendications reflètent l’absurdité de nos utopies contemporaines -. La sphère monumentale qui enfle et se dégonfle par un souffle intérieur de Bruno Peinado (né en 1970 à Montpellier). Ou la poétique fable du Maharadjah riche et du Maharadjah pauvre, gravée sur le sol, de Stéphane Magnin (né en 1965 à Paris).
De l’avis des commentaires murmurés, cette deuxième édition, organisée par un commissariat béton (Jean-Loup Froment, Jean-Yves Jouannais, Didier Ottinger), serait plus consistante que la première. D’horizons différents, chaque commissaire a proposé et soutenu des artistes qui devaient être approuvés par chacun des autres. D’où la diversité des oeuvres exposées. Et leur force.