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Exposition phare au Louvre sur l’art sacré arménien

Armenia Sacra

Jusqu’au 21 mai 2007

Musée du Louvre, Galerie de la Melpomène et fossés du Louvre médiéval, 99 rue
de Rivoli 75001, 01 40 20 53 17, 8,50€

Une centaine d’oeuvres emblématiques du christianisme arménien sortent pour la première fois de leur pays pour être accueillies dans un lieu tout aussi symbolique – la galerie Melpomène du musée du Louvre.

Conçue comme la nef d’une basilique, la galerie de la Melpomène surplombe les fossés du Louvre médiéval où sont exposés des khatchkars – grandes dalles verticales de pierre ornées de croix. Que l’on découvre tout en cheminant jusqu’au seuil de l’exposition, tels qu’ils sont exposés en extérieur, dans leur pays d’origine.

Armenia sacra bénéficie de prêts exceptionnels du Musée et du Trésor du Saint-Siège d’Etchmiadzine, du Musée d’Histoire de l’Arménie et de la Bibliothèque du Matenadaran à Erevan. Des efforts consentis mutuellement qui s’expliquent par la célébration de l’Année de l’Arménie en France.

Ainsi, chapiteaux, tel celui en tuf qui ouvre l’exposition (IVè-Vè siècle), stèles, mais également manuscrits médiévaux, objets d’orfèvrerie, et broderies précieuses témoignent de la foi profonde des Arméniens.

Dressée selon un plan chronologique, l’exposition débute du IVè siècle après Jésus-Christ et s’achève à la fin du XVIIIè siècle. Elle décrypte les trois éléments essentiels qui ont fondé le socle de la nation arménienne – sa langue, son écriture, et sa foi chrétienne.

C’est sous l’influence du saint Grégoire l’Illuminateur que le christianisme s’installe aux confins de Rome et du royaume perse. Au pied du mont Ararat où, d’après la légende, l’Arche de Noé se serait échouée .

Au Vè siècle, le moine Mesrop Machtots reçoit la révélation d’un nouvel alphabet – ciment identitaire de la nation arménienne, qui s’émancipe de jougs étrangers successifs, notamment romain, par une indépendance spirituelle précoce (le monde romain était païen).

Mais cette autonomie de foi s’est développée – et c’est le message intrinsèque de l’exposition orchestrée par Jannic Durand – sur la base d’échanges artistiques fructueux. De fait, l’art sacré arménien s’épanouit aux frontières de Byzance, à la porte de l’islam, et plus tard, au contact des croisades. De manière surprenante, cet art s’ouvre même, au XIIIè siècle, sur l’Extrême-Orient lorsque les rois de Cilicie s’allient aux khans mongols. Avant de se renouveler à l’ombre des empires perses et ottomans.
En dépit des aléas de l’Histoire, la foi chrétienne des Arméniens reste donc inébranlable.

Une exposition émotionnellement somptueuse qui nous fait (re)découvrir la naissance du christianisme en Europe. Et nous révèle une toute autre vision de l’Arménie, récemment admise au conseil de l’Europe, qui regorge de merveilles spirituelles. De quoi élever le discours face au repli communautaire que l’on connaît à l’heure actuelle…

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