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Les gens du Moyen-Age ne refusaient point un bain!

Le bain et le miroir

Jusqu’au 21 septembre 2009

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-DROIT-D-ENTREE—MUSEE-DU-MOYEN-AGE-CLUMU.htm]

Musée national du Moyen-Age – musée de Cluny, 6, place Paul-Painlevé 75005, 8,50€

Si l’on savait que l’Antiquité gréco-romaine était assidue à la toilette et sensible à la beauté naturelle, l’idée commune selon laquelle la période médiévale représenterait une régression en terme d’hygiène corporelle se révèle trompeuse. En atteste l’exposition présentée au musée national du Moyen-Age sur le thème de la toilette et du bain, inaugurant par là-même la réouverture du frigidarium restauré des thermes de Cluny.

Le frigidarium représente la première pièce dans laquelle pénètrent les utilisateurs des thermes (cf. article sur les Grands Monuments de Lutèce).

Magnifiquement restauré après neuf ans de travaux, le frigidarium de l’ancien Palais des Thermes de Lutèce, rend hommage aux coutumes du bain de l’Antiquité. Exposition prolongée dans deux salles du musée de Cluny sur la toilette au Moyen-Age.

L’exposition s’ouvre sur le buste d’un Jeune Gaulois de Reims (musée du Louvre) qui incarne la romanisation de la Gaule. En effet, si sa chevelure révèle sa nature gauloise, sa représentation en toge, tel un dignitaire romain, témoigne de l’influence des moeurs romaines à Lutèce.

A commencer par la coutume du bain. L’alimentation en eau des centres urbains répond autant au besoin d’assainir les villes grâce aux puits, fontaines et égoûts, qu’à celui d’alimenter les thermes. Un fragment de mosaïque, montrant Eros sur un dauphin, a été découvert à proximité des thermes de Cluny et devait en orner le sol ou les murs. D’autres peintures et statues complètent la parure du lieu, évoquant les légendes liées à la mer et l’eau. A travers les figures de Neptune, Amphitrite, Vénus, Narcisse ou les nymphes.

Témoins de l’importance accordée par les Anciens aux accessoires de toilette, les objets destinés à l’au-delà sont enfermés dans les tombes avec leurs propriétaires. Ce qui a permis leur conservation, contrairement à ceux de l’époque médiévale, qui ne pratique plus cette coutume. Les archéologues ont pu découvrir des panoplies de toilette composées de flacons à huiles parfumées dont les plus prisées sont l’huile de noix de ben, d’olives, de palme, d’oeillettes (pavots) et d’amandes. Des amphorisques d’onguents pour lutter contre les rides (déjà, une préoccupation de l’époque!), la chute des cheveux, les mauvaises odeurs – Pline l’Ancien vante les mérites de la pierre d’alun comme déodorant, réapparu dans la cosmétique naturelle moderne – et la pilosité.

La « trousse » de toilette de l’époque comprend généralement un miroir (en bronze chez les Etrusques), un peigne (os, ivoire, bois, parfois métal) et une ou plusieurs pyxides (du grec, pyxis, la boîte). De forme cylindrique et à couvercle plat, elle contient des bijoux ou des fards.

L’art de se farder permet de rendre la peau lumineuse, contrastant avec les yeux soulignés de noir, et une chevelure idéalement blond(i)e, artifices qui tendent à répondre à un certain idéal de beauté. N’en déplaisent aux esprits religieux et philosophiques de l’époque. La Bible prêche le renoncement aux soins du corps, coupables d’inciter à la convoitise. Les Psaumes citent David perturbé par la vue du corps dénudé de Bethsabée dans son bain. Tout comme l’empereur, pourtant romain, Marc-Aurèle, pour qui le bain est certes nécessaire mais sale. « Que te représente le bain que tu prends? De l’huile, de la sueur, de l’ordure, de l’eau visqueuse, toutes choses dégoûtantes » (Pensées pour moi-même).

Bien que le plomb composant le fard soit déjà reconnu comme toxique, les belles Romaines n’en n’ont cure. Situation que l’on pourrait comparer à celle d’aujourd’hui avec l’usage du paraben alors qu’il est reconnu comme potentiellement cancérigène. Voilà à quoi mènent le culte de la beauté corporelle et le soutien de l’industrie du luxe qui représente dès l’Antiquité une part importante de l’économie!

Au Moyen-Age, l’attention se porte sur la chevelure, dont l’idéal est transmis à travers les portraits des souverains. Les rois mérovingiens portent la chevelure longue tandis que les carolingiens qui leur succèdent préfèrent une coupe courte avec une moustache. Quant aux femmes, si la longueur est de mise, les cheveux doivent être attachés, en tresses ou en chignon retenu par une résille, lorsque Dame est de sortie. Apogée de la mode de l’époque: le nid d’abeille – illustré magnifiquement par la sculpture d’une tête d’une jeune princesse (Victoria & Albert museum) consistant à ramasser les cheveux sur les tempes en recréant les alvéoles d’une ruche.

L’exposition aborde la conservation et la transmission des savoirs à travers une série d’ouvrages enluminés, compilés par des savants grecs puis des religieux médiévaux qui ont accès aux traductions latines d’ouvrages rédigés en arabe.

Pour finir, une série de peintures illustrent la cérémonie du bain médiéval, loué par l’élite pour ses vertus curatives. Et sa dimension érotique confirmant ainsi les craintes de l’Eglise! En effet, les couples prennent le bain dans la chambre à coucher, dans un baquet fermé d’une draperie qui les protège des regards indiscrets…

Les artistes de la Renaissance italienne réintroduiront l’usage public du bain, en référence à la tradition romaine. A l’image du célèbre écrivain florentin Andrea del Castagno dit Boccace (1421-1457), qui se plaît à décrire de jeunes princesses entourées de serviteurs dans leurs bains parfumés.

Une belle leçon d’esthéticisme tant au niveau des objets présentés que de l’écrin muséal.

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