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De Zuloaga à Picasso

L’Espagne entre deux siècles, 1890-1920

Jusqu’au 9 janvier 2012

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-ENTREE—MUSEE-DE-L-ORANGERIE-MUORA.htm]

Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Place de la Concorde 75001

Le musée de l’Orangerie s’intéresse à une période charnière de l’histoire de l’art espagnol, peu connue du grand public: 1890-1910. Si les noms de Le Greco, Zurbaran, Murillo, Ribera, Velazquez, Goya puis de Picasso nous parlent, il existe un entre-deux que l’exposition « L’Espagne entre deux siècles – De Zuloaga à Picasso » nous fait découvrir. Avec notamment, les oeuvres talentueuses de Sorolla, Camarasa et Mir.

Ce qui est étrange pour le visiteur contemporain est que tous les artistes présentés, à l’exception de Joaquim Mir i Trinxet (1873-1940) et d’Ignacio Pinazo Camarlench (1849-1916) ont séjourné à Paris et y ont été célèbres en leur temps.
Ils ont participé aux Salons, exposé dans les galeries Berthe Weill, Vollard, Durand-Ruel et ont fréquenté Picasso, Miro, Gris et Dali. Venus comme eux d’Espagne dans les mêmes années, attirés comme eux par cette « nouvelle Rome », Paris capitale de la nouvelle peinture, où ils viennent chercher l’inspiration. Ils devaient devenir les meilleurs représentants des avant-gardes européennes.

Or, cette génération de 1898 incarne une Espagne duale, marquée par une profonde crise. Guerre d’indépendance contre l’occupation napoléonienne, guerres carlistes de 1833 à 1876, perte des Philippines et de Cuba en 1898, derniers vestiges de l’empire.

L’exposition se dédouble ainsi entre les partisans de la représentation d’une Espagne noire – celle de la misère, reflétant le tragique de la vie – et d’une Espagne blanche, saine, synonyme du bonheur de vivre au plein air, en particulier maritime.
Ceci dit, les artistes ont en commun un fort sentiment d’appartenance à une même culture qui fait l’éloge des rivages méditerranéens. Et surtout, un langage réaliste que l’on retrouvera jusque chez Picasso avant que celui-ci ne s’embarque dans la voie de l’abstraction.

Parmi les oeuvres qui m’ont le plus marquée, citons le magnifique Paysage nocturne d’Eliseu Meifren y Roig (1859-1940) qui rend un subtil reflet de soleil sur l’eau.
L’étonnante Mer Latine (vers 1906) de Nicolau Raurich, avec ses tâches lumineuses, encroutées d’huile. Oeuvre que l’on pourrait rapprocher des Reflets, Majorque (1901) de Joaquim Mir i Trinxet.
Dans un style différent, ce dernier exécute l’original Ermitage de Sant Blai, L’Aleixard (1910) où les couleurs prennent le pas sur les formes, quasi évanescentes.
Paris la nuit (vers 1900) et Granadina (vers 1914) qui rappelle incontestablement Klimt, en dépit d’une palette plus colorée.

L’Instantanée, Biarritz
(1906) de Joaquin Sorolla y Bastida (1863-1923) incarne cette Espagne du bonheur de vivre, des joies du plein air, avec un réalisme teinté de lyrisme qui fait de l’artiste un maître des scènes de ce genre.
Citons encore une étonnante – on connaît plus ses oeuvres surréalistes que réalistes – peinture morte de Joan Miro (1893-1983), Le pot de fleurs et le citron (1916), qui emprunte ses couleurs à Van Gogh.

L’exposition s’achève sur la mélancolique Etreinte (1903) de Picasso (1881-1973), là encore moins célèbre que ses oeuvres cubistes, car datant de sa période bleue (1901-1904). Une période empreinte de tristesse, liée au suicide de son ami peintre Casegema à Paris, et dont le réalisme fait le lien entre les oeuvres de ses compatriotes antérieurs et contemporains.

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