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Entre sculpture et photographie

Huit artistes chez Rodin

Jusqu’au 17 juillet 2016

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/fichesalle/PARIS-MUSEE-RODIN-RODIN.htm#ficheChoixSeance]

Catalogue de l’exposition : 

Musée Rodin, 77 rue de Varenne, Paris 7e

Suite à la réouverture du musée Rodin, l’exposition « Entre sculpture et photographie » propose une autre forme « d’ouverture » en reliant la sculpture à la photographie.

Autour de 1965, dans le contexte de l’art conceptuel et du land art naissants, de jeunes artistes ont bouleversé la notion de sculpture par des interventions sur des sites naturels. Par ailleurs, ils utilisent systématiquement la photographie pour rendre compte de ces actions de « sculpture » éphémères.

Huit artistes sont ici présentés : John Chamberlain, Cy Twombly, Dieter Appelt, Markus Raetz, Mac Adams, Gordon Matta-Clark, Richard Long, et Giuseppe Penone.

Richard Long (né en 1945) ouvre l’exposition. Il conçoit ses créations à partir de ses randonnées qu’il organise soigneusement, avec cartes, textes et photographies. Il ramasse des matériaux du lieu, les assemble selon une forme géométrique. Action éphémère d’où naît la sculpture qui va être pérennisée par la prise photographique. Avec Small Alpine Circle (1998), faite des pierres des Alpes, l’artiste recherche la rigueur géométrique, la sensation directe du matériau, et l’évocation de lieux naturels. « Une sculpture satisfait nos sens en un certain lieu », affirme-t-il, « alors qu’une oeuvre photographique (provenant d’un autre lieu) satisfait l’imagination ».

Pour Giuseppe Penone (né en 1947), il s’agit de mettre en avant la place du corps humain par rapport à la nature. Dès ses débuts (1968), l’artiste s’est fait connaître par ses actions sur les arbres, établissant des correspondances physiologiques entre son corps et le végétal. Dans Trappole di luce (Piège de lumière, 1995), il pose un moulage en cristal d’un tronçon d’arbre sur un agrandissement photographique d’un oeil. Conduisant la lumière comme l’arbre fait circuler la sève.

Mac Adams (né en 1943) et Markus Raetz (né en 1941) interrogent la réalité perçue par le regard. Dans Rabbit, Shadow-Sculpture (2010), Mac Adams projette l’ombre d’un lapin à partir d’un assemblage hétéroclite d’objets placés dans l’espace, qui n’ont rien à voir avec la forme animale. Ici « la sculpture entre dans la fiction narrative et se nourrit des propriétés de la photographie faite d’ombre et de lumière », commente Michel Frizot (historien de l’art et de la photographie), commissaire de l’exposition.

Même recherche sur les illusions et l’ambiguïté de la perception avec Metamorphose II (1992) de Markus Raetz. Devant soi, un buste d’homme au chapeau. Mais quand on regarde dans le miroir face au buste, on aperçoit l’ombre d’un lièvre ! Un clin d’oeil de l’artiste suisse à son confrère allemand Joseph Beuys, qui présentait dans ses performances l’homme au chapeau et son lièvre fétiche.

Le parcours se clôt sur un pan peu connu de l’oeuvre de Cy Twombly : la sculpture et la photographie. Dans Winter’s Passage : Luxor (1985), le peintre-dessinateur assemble de vieux morceaux de bois. Cette combinaison de formes brutes évoque d’une manière primitive un jouet fruste et la barque rituelle des morts en Egypte. Pour ses photographies, l’artiste recours au format carré du polaroid couleur, qu’il agrandit, et dont il exploite l’effet de flou, les couleurs pastel ou saturées. Ses Tulipes (1985) en plan rapproché sont éloignées des conventions photographiques. « Hors-échelle, elles s’imposent, à l’égal de ses peintures, comme des signes tragiques », conclut Michel Frizot.

Je vous ai cités les oeuvres qui m’ont convaincues. Toutes n’ont pas retenu mon attention. Mais globalement, la problématique est intéressante. Les oeuvres nous invitent à rompre avec les acquis esthétiques et à créer des ponts inattendus entre les disciplines.

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