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Les dédicaces de Dali

La collection Sabater

Jusqu’au 10 mai 2012  – Prolongation jusqu’au 31 mai 2012

Espace Dali, 11 rue Poulbot, Paris 18e

 

Grimper en danseuse la rue Lepic (à côté, la rue des Martyrs, c’est de la gnieugnieute) m’a rappelée pourquoi je ne voyais pas souvent les hauteurs de Paris, surtout par des températures polaires! Mais, ma curiosité l’a emportée sur ma flegme physique et j’ai découvert un pan de vie inconnu de Dali: son amitié avec son secrétaire Enrique Sabater, à qui il dédiait un nombre conséquent d’oeuvres.

C’est en tant que journaliste qu’Enrique Sabater (né en 1936 en Catalogne), rencontre pour la première fois Dali à l’été 1968, dans sa maison de Port Lligat. Il devait faire son interview qui se clôt ainsi: « Tout ce que vous me demanderez vous coûtera 15.000$, c’est mon tarif habituel pour les interviews ». On ne possède pas forcément une telle somme sur soi! Dali ajoute alors « Ne vous en faites pas. Revenez me voir après-demain. Peu importe que vous apportiez ou non cet argent ». Même scénario lors de leur deuxième rencontre. Dali lui demande « Pourquoi ne revenez-nous pas demain? ». C’est ce que E. Sabater a fait jusqu’en 1981.

Homme de confiance de Dali, Enrique Sabater nous décrit une autre image du peintre. Loin de l’extravagance affichée du maître. Avant chaque rencontre avec la presse, par exemple, Dali enfilait son « habit d’interview » (entre autres, sa tunique blanche) et changeait de ton. « Il se métamorphosait pour interpréter son rôle, de manière très théâtrale, ce qui l’amusait beaucoup », se rappelle Sabater.

Vivant aujourd’hui en Andorre, Sabater a mis douloureusement les mains dans ses cartons pour se remémorer ce temps passé, « quelques-unes des plus belles années de ma vie, aux côtés de Salvator Dali et de sa muse Gala ».

Huiles, aquarelles, cartes de voeux, dessins, tous – souvent offerts comme présents de Noël par Dali & Gala – sont dédicacés de la main du maître. « Peu d’artistes ont été aussi généreux lorsqu’on leur demandait un autographe. Dans ce cas, le fait est qu’il aimait agrémenter sa signature d’un dessin : une Alice au pays des merveilles, un Quichotte dans un paysage de l’Ampurdan, un collier de montres molles ou une belle silhouette féminine. »

Ce sont effectivement les oeuvres qui sont les plus intéressantes à découvrir. Cette fluidité du trait dalien qui esquisse de quelques lignes si légères et si fortes la forme d’un cheval avec quelques rocambolesques fioritures en guise de pattes ou la gracieuse silhouette d’une femme. Les aquarelles sont particulièrement réussies de ce point de vue là.

Toutes les feuilles ne se valent pas; certaines paraissent signées à la-va-vite mais font office, selon E. Sabater, « de journal pour celui qui a eu la chance de passer plusieurs années aux côtés de l’artiste. » L’exposition permet en outre de (re)découvrir l’Espace Dali où les oeuvres emblématiques de l’artiste sont exposées avec la description de leur symbolique – indispensable pour comprendre l’univers surréaliste dalien!

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