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L’ordre du chaos

Chaïm Soutine (1893-1943)

Jusqu’au 21 janvier 2013

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Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris I

 

Après la Pinacothèque de Paris, le musée de l’Orangerie offre une nouvelle tentative pour comprendre l’oeuvre torturée de Chaïm Soutine. Si le public connaît son nom, ses oeuvres restent difficiles à regarder…

Ses paysages sont pris dans un tourbillon qui donne l’effet d’un vertige ascendant ; ses portraits sont étirés, déformés, jusqu’à la caricature ; ses natures mortes reflètent le bleu vieillissant de la chair (Le Lapin, vers 1923/24) ou le rouge vermillon du sang (Le Boeuf écorché, vers 1924)…

Ainsi, encore aujourd’hui, ses oeuvres restent difficiles à classer dans l’histoire de l’art. « Comme un chaînon manquant entre Van Gogh et de Kooning », commente Marie-Paule Vial, commissaire de l’exposition.

Pourtant, ses sujets de nature morte révèlent l’attachement du peintre lituanien – arrivé à Paris en 1913 – pour les sujets académiques. En attestent ses références à Rembrandt (Le Boeuf écorché, La Femme entrant dans l’eau, vers 1931), à Jean Fouquet (Le Petit Pâtissier, vers 1922/23), à Chardin (Nature morte à la raie, 1923), ou encore à Courbet (Enfant de choeur, vers 1927/28).

Chaïm Soutine, c’est aussi l’explosion des couleurs, dont il maîtrise les infinies nuances (cf. la série des Glaïeuls pour le rouge ou La Femme entrant dans l’eau pour le blanc, la tunique de la femme prolongeant la chair de ses membres). Il parvient encore à faire côtoyer les couleurs primaires (rouge, vert et bleu dans L’Escalier rouge à Cagnes, 1923/24).

C’est au milliardaire américain Albert Barnes que Soutine doit sa consécration artistique (il lui achète un bloc faramineux d’oeuvres pour ouvrir sa fondation près de Philadelphie). En France, ce sera le marchand d’art Paul Guillaume, la décoratrice exubérante de la rue Bonaparte, Madeleine Castaing, et Jonas Netter qui soutiendront son travail. Reconnu par ses pairs, tels Modigliani et Picasso, accumulant les expositions de son vivant comme à titre posthume, Soutine se révèle loin de rentrer dans la case « artiste maudit ». Comme le veut la légende.

Trituration de la matière, couleurs flamboyantes, expressionnisme des sujets traités qu’ils soient animés ou non, l’oeuvre de Soutine est assurément riche et provocante. Dans la lignée d’un Francis Bacon ou Lucian Freud, dont les toiles peuvent ne pas offrir  une empathie directe mais n’en restent pas moins des chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’art.

 

 

 

 

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