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Réouverture le 02/06/20

Cézanne et les maîtres – Rêve d’Italie

Jusqu’au 03 janvier 2021

Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis-Boilly, Paris 16e

Le musée Marmottan Monet présente une résonnance entre les peintures de Paul Cézanne (1839-1906) et celles des maîtres italiens des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. A son tour, le précurseur de la peinture moderne va influencer les artistes italiens du Novecento (XXe siècle). Une démonstration menée d’une main de maître !

Paul Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire, vers 1890. Huile sur toile
Paris, musée d’Orsay, donation de la petite- fille d’Auguste Pellerin, 1969
© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Une soixantaine d’oeuvres mettent en parallèle l’imprégnation de Cézanne vis à vis de la culture de la péninsule italienne qui va l’aider à donner naissance à une peinture moderne.

Si Cézanne rêve d’Italie, il n’y a pourtant jamais mis les pieds ! Mais il a lu Virgile, Ovide, Lucrèce et fréquente inlassablement le musée du Louvre et celui d’Aix-en-Provence (sa ville de naissance et de mort) où sont exposés les maîtres italiens.

« Cézanne peint en rêvant d’autres peintres, en particulier les Vénitiens au début de sa carrière », commente Alain Tapié (conservateur en chef honoraire des Musées de France), co-commissaire de l’exposition.

Dhomínikos Theotokópoulos, dit le Greco Portrait de jeune fille. Huile sur toile
Collection particulière © Valentina Preziuso
Paul Cézanne. D’après le Greco, La Femme à l’hermine, 1885-1886
Huile sur toile. Avec l’aimable autorisation de la Daniel Katz Gallery, Londres
© Daniel Katz Gallery London

Cézanne étudie les touches de couleur des peintres de la lagune. Comme l’illustre la confrontation entre sa Tête de vieillard (vers 1866) et le Portrait d’Antonio da Ponte, architecte officiel de la République de Venise, d’après Bassano (vers 1575/1600). Il rend également hommage au plus célèbre des élèves du Titien, le Greco, dont il ré-interprète La Femme à l’hermine (collection particulière).

« A Venise et à Aix, la couleur est l’élément déterminant dont émergent tout à la fois la forme, le volume et la lumière », explique Marianne Mathieu (directrice scientifique du musée Marmottan Monet), co-commissaire de l’exposition.

Jean-François Millet, dit Francisque Millet, Paysage classique, XVIIe siècle. Huile sur toile
Paris, musée du Louvre, dépôt au musée des beaux-arts de Marseille
© Ville de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais / Jean Bernard

Arrive le moment déterminant dans la carrière de Cézanne de la création de la Montagne Sainte-Victoire (vers 1890), mise en parallèle avec les monts Albains du Paysage classique de Jean-François Millet dit Francisque Millet (XVIIIe siècle).

Nicolas Poussin, Paysage avec Agar et l’ange, après 1660. Huile sur toile.
Rome, Gallerie Nazionali d’Arte Antica
© Gallerie Nazionali d’Arte Antica di Roma
Paul Cezanne, Château Noir, 1905. Huile sur toile
Paris, Musée national Picasso-Paris. Donation Pablo Picasso, 1973/1978, Collection personnelle Pablo Picasso © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau

Dorénavant Cézanne ne quitte plus Aix-en-Provence. Travailleur acharné et solitaire, il s’imprègne des couleurs méditerranéennes. Ses oeuvres de maturité s’inspirent des peintres romains, en particulier Nicolas Poussin (né en France en 1594 et mort à Rome en 1665). Château Noir (1903/04) de Cézanne dialogue avec Paysage avec Agar et l’ange (après 1660) de Poussin. Même volonté chez les deux peintres de créer un état de permanence. « Faire de l’impressionnisme quelque chose de solide et durable comme l’art des musées », disait Cézanne. « A l’inverse de la démarche de Monet, peintre de l’instant », précise Marriane Mathieu.

Paul Cézanne, Homme assis, 1905-1906. Huile sur toile.
Madrid, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza © Madrid, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza
Mario Sironi, Ritratto del fratello Ettore, vers 1910. Huile sur toile
Archivio Mario Sironi di Romana Sironi © Archivio Mario Sironi di Romana Sironi

La seconde partie du parcours reflète l’influence de Cézanne sur les peintres italiens tels Soffici, Carrà, Boccioni, Morandi, Pirandello. Ces derniers découvrent Cézanne soit à Paris lors de sa rétrospective posthume (1907), soit en Italie, où l’artiste est exposé dès 1908.

Au tournant du siècle, les Italiens rompent définitivement avec la peinture d’Histoire, religieuse ou mythologique. Ils se tournent vers les figures, les natures mortes et les paysages. Thèmes qui, chez Cézanne, se confondent en masses obliques et verticales. « Il n’y a pas de lignes chez Cézanne », précise Alain Tapié. Que des masses de couleurs.

La mise en regard de cette interaction entre les Italiens et l’Aixois est remarquable du début à la fin de l’exposition. De plus, le parcours est agrémenté de panneaux didactiques qui analysent les compositions des oeuvres. Une exposition riche et très bien conçue.

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