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« Après la mer, c’est la forêt de Fontainebleau qui m’a le plus impressionné »

La forêt de Fontainebleau: un atelier grandeur nature

Jusqu’au 13 mai 2007

Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur 75007, 01 40 49 48 14
Niveau 0, côté Seine, grand espace d’exposition, 7,50€ (5,50€ le dimanche)

L’exposition qui s’ouvre au musée d’Orsay souligne la place essentielle de la forêt de Fontainebleau dans l’histoire de l’art du XIXè siècle.


Dès la fin du XVIIIè siècle, quelques artistes pionniers, tel Lazare Bruandet (1755-1804), innovent en peignant « d’après nature », loin de leur atelier.
Plus tard, Jean-Joseph-Xavier Bidauld (1758-1846), Théodore Caruelle-d’Aligny (1798-1871), Alexandre Desgoffe (1805?-1882), Jacques-Raymond Brascassat (1804-1867), et surtout Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875) revendiquent fermement cette nouvelle manière de travailler, en plein air.

En 1833, Théodore Rousseau (1812-1867) s’installe à Barbizon. Village qui a donné son nom à la célèbre école de peinture éponyme, à laquelle adhèrent Corot et Rousseau, mais aussi Jean-François Millet (1814-1875) et Gustave Courbet (1819-1877). Hameau pittoresque, niché au coeur de la forêt de Fontainebleau, Barbizon est décrit par Victor Hugo comme étant « presque une succursale de l’école de Rome, dont l’auberge du père Ganne peut passer pour la villa Médicis » (revue Illustration,1858).

En effet, toute une génération de jeunes peintres changent radicalement l’art du paysage. Narcisse Diaz de la Pena (1807-1876), Constant Troyon (1810-1865), Charles Jacque (1813-1894), Jules Dupré (1812-1889) « fouillent le visible », traquent les éléments de la nature – arbres, rochers, sables et paludes. Des motifs choisis dans un répertoire de sites étoilés par le tourisme naissant: gorges de Franchard, d’Apremont et gorge aux Loups; mare aux fées; Bas Bréau à Chailly; Belle Epine; massif des Trois Pignons; vallée de la Solle, etc.

Bientôt, cette première génération d’artistes est rejointe par les pionniers de la photographie, Gustave Le Gray (1820-1884), Eugène Cuvelier (1830-1900), Georges Balagny (1837?-1919?), en quête d’un studio en plein air.

Vers 1860, Charles Gleyre envoie ses élèves faire leur apprentissage dans la forêt. Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), Alfred Sisley (1839-1899), Frédéric Bazille (1841-1870), et Claude Monet (1840-1926), se collent à l’exercice. En résulte Le Déjeuner sur l’herbe (1865-66) de Monet, véritable manifeste de la peinture moderne.
Après quoi, les artistes étrangers font de ce lieu naturel une étape obligée de leur tour d’Europe.

Peintres autant qu’écrivains romantiques conçoivent la forêt de Fontainebleau comme un terreau fertile qui nourrit leur imagination. « Un arbre est un édifice, une forêt une cité; entre toutes la forêt de Fontainebleau est un monument », écrivait Victor Hugo en 1874.
Georges Seurat (1859-1891), André Derain (1880-1954), Paul Cézanne (1839-1906), et même Pablo Picasso (1881-1973) y puisent leur inspiration.

Plus qu’un effet de mode, la promenade en forêt de Fontainebleau conquiert tout visiteur par sa variété de paysages, comme en témoigne l’ensemble des toiles regroupées dans cette exposition. Sombre futaie contre clarté aveuglante des sables, gorges et rochers gigantesques contre mare argentée paisible sont rendus avec autant de styles, propres à chacun des artistes – pointillisme, fauvisme, cubisme, etc..

Après la photographie, c’est au tour du cinémographe, dont l’esthétique participe au développement de la peinture d’histoire, de s’approprier les lieux. Y sont tournés, entre autres, La Guerre du feu (1913), Quatre-vingt-Treize (1921), Le Joueur d’Echec (1927), et Guillaume Tell.

Peu de personnages habitent ces peintures. Seul un bûcheron ou une bergère qui se fond dans l’anfractuosité d’une roche sont représentés. Alors que la forêt était peuplée de nombreux chasseurs, braconniers, ramasseurs de bois et de champignons.

Une expo pour les amateurs de la nature vierge donc, qui sauront apprécier toutes les nuances de couleurs, de motifs. Et la grandeur de cet espace, aujourd’hui classé réserve naturelle.

A noter: du vendredi 23 mars au dimanche 1er avril 2007, installation sur le parvis du musée d’Orsay d’un tryptique « paysages tableaux de la forêt de Fontainebleau », grâce au soutien de l’ONF. Le public pourra « entrer » dans l’un de ces tableaux-paysages et se promener en circulant sur le parvis autour de ces trois espaces. Dépliant découverte pour les enfants à partir de 8 ans aux comptoirs d’information.

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