Exotisme littéraire

Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le dire. Florent Couao-Zotti. Editions du rocher, Le Serpent à plumes, 2010Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire de Florent Couao-Zotti
Le Serpent à Plumes, 2010

Le titre est en un éloquent concentré. Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire, le dernier opus de l’écrivain Florent Couao-Zotti s’adonne avec force aux expressions populaires, jeux de mots et autres distorsions linguistiques. Sous couvert d’une intrigue policière rocambolesque, l’auteur entraîne le lecteur au coeur de la culture béninoise.

Florent Couao-Zotti (c) Ulf AndersenJournaliste culturel, rédacteur en chef, professeur, Florent Couao-Zotti consacre désormais son temps à sa passion littéraire. Depuis 2002, il enchaîne les romans, nouvelles, pièces de théâtre, scénarios de bandes dessinées et de films.
A l’image de ses précédents romans, dont Le cantique des cannibales et Notre pain de chaque nuit, son douzième opus souligne, si besoin en était, la maîtrise lexicale et l’esprit festif de cet écrivain de 45 ans.

A mi-chemin entre le roman d’aventure et la fiction policière, Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire entraîne le lecteur dans les bas-fonds de Cotonou (capitale économique du Bénin).

Trois pulpeuses « chéries-foutoirs », trois flics de la Brigade des Stupéfiants dont un reconverti en chauffeur de taxi, un homme d’affaires (forcément véreux et brutal) libanais, réunis à leur insu par une valise de cocaïne « poussière d’ange ». Voilà un cocktail explosif où plus d’un va en laisser des plumes…

Si l’intrigue est menée à terme avec un suspense relativement bien entretenu, ce n’est pas elle qui a retenu mon attention. On est loin des frissons laissés par Hiver de Mons Kallentoft, qui m’a particulièrement scotché le bouboum au canapé pendant les vacances de Noël!

En revanche, ce roman est un plaisir à lire pour sa verve truculente.

« Côté coeur, rien de caché sous le soleil de Cotonou. Toujours les mêmes équipées sous les pagnes, toujours les mêmes étreintes furtives sous les jupons. Un jour, des cousins du village, venus en vacances, débarquèrent avec une femme du pays. Nadia qu’elle s’appelait. Une belle poupée aux yeux de biche, avec la rondeur d’une brioche, teint soleil pourpre. Mais elle était maladroite comme un tonneau, timide comme un bossu. A sa décharge: elle sortait à peine de l’adolescence, le crâne bourré de tabous sur les vertus de la femme arabe et consort » (p.104).

A lire en pleine saison froide pour un effet réconfortant immédiat.

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