L’ombre du fou rire

Yue Minjun

Jusqu’au 17 mars 2013

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Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 bd Raspail, Paris XIV

 

 

Oeuvres étonnantes que celles de l’artiste chinois Yue Minjun (né en 1962, à Daqing) peuplées de multiples têtes qui rient à n’en plus finir. Autodérision? Critique sociale? Réalisme cynique? Les spécialistes s’entendent pour dire que le travail de Yue Minjun est indéchiffrable. Une parfaite raison de s’y confronter!

 

Yue Minjun ne souhaite pas peindre de belles choses. Il trouve sa peinture vulgaire. Mais il recherche l’authenticité de l’expression de ses sentiments. Ce qui l’amène à peindre des hommes – à ses débuts, dans la communauté d’artistes de Yuanmingyuan, près de Pékin, il représente ses amis – puis lui-même, son propre visage grossi comme un gros plan cinématographique, dans des situations grotesques. Représentant ainsi le courant artistique dit du « réalisme cynique » par opposition au « réalisme socialiste » dont les artistes de la génération des années 1990 se revendiquent. Car ils portent un regard acerbe sur la Chine contemporaine.

« C’est pour cela que le fait de sourire, de rire pour cacher son impuissance a [une grande] importance pour ma génération » (in Yue Minjun Biographie, 2006).

Ses immenses toiles se peuplent de visages stéréotypés, mis en scène dans des situations cocasses (doigt dans le nez, se grattant l’oreille, peintre en slip blanc sautant d’un tronc d’arbre). Tout en incluant des éléments classiques qu’ils soient architecturaux (muraille de Chine, Cité Interdite) ou naturels (animaux traditionnellement représentés dans la peinture chinoise, eau stylisée).

Le frère de l’artiste a photographié Yue Minjun prenant les poses des personnages qu’il peint. L’artiste expérimente ainsi les poses et les compositions de ses toiles.

L’exposition présente également deux séries d’oeuvres qui font référence aux grands maîtres de la peinture occidentale et orientale. Mais de manière détournée, of course! Manet (La Mort de l’Empereur Maximilien de Mexico, 1868), Delacroix (La Liberté guidant le peuple, 1830 ; Scènes de massacres de Scio, 1824), J.-L. David (La Mort de Marat, 1793). L’artiste s’amuse à représenter des scènes historiques de l’histoire chinoise sous Mao en éradiquant tous les personnages présents (The Founding Ceremony of the Nation de Dong Xiwen, 1953 ; La conférence de Gutian de He Kongde, vers 1970).

La multiplication de visages et de corps se tordant de rire ne peuvent que m’évoquer une certaine critique de l’uniformisation de la société chinoise, en particulier sous l’ère de Mao. Une impression renforcée par les trois oeuvres qui montrent une tête au front scindé en deux. Dans l’une, Mao se baigne, dans la suivante, des bras brandissent le Livre rouge, dans la troisième, des ballons s’envolent. Belle métaphore du vide de la pensée sous Mao!

Une critique qui peut s’étendre à toute société contemporaine. Ne sommes-nous pas tous des moutons globalisés, même si nous tentons de résister à notre niveau local? Mais rions-en! Pour un travail soit-disant impénétrable, j’ai trouvé cette exposition très éloquante!

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