Walker Evans

« J’affirme ce qui est »

Jusqu’au 14 août 2017

[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee—Exposition-BILLET-MUSEE—EXPOSITIONS-POMPI.htm]

Pour acheter le catalogue de l’exposition : 

Centre Pompidou, Niveau 6, Galerie 2, Paris 4e

Le Centre Pompidou présente la première rétrospective française consacrée à l’un des plus grands photographes américains : Walker Evans (1903-1975). Plus de 400 oeuvres capturent l’essence de sa photographie vernaculaire.

 

La quête de Walker Evans pourrait se résumer à ceci : traquer dans son environnement quotidien ce qui définit l’Amérique. Des baraques en bord de route aux vitrines des magasins urbains, des métayers de l’Alabama avec lesquels il a partagé une tranche de vie aux passagers anonymes du métro new yorkais, des cimetières de voitures aux affiches de cinéma, de ses autoportraits aux photographes de rue.

Le parcours se scinde en deux parties avec chacune sa black box. La première section étudie « le vernaculaire comme sujet » : quels sont les thèmes récurrents, sériels, de Evans ? Avec une mise en emphase, dans une salle à part, de l’une des plus célèbres photographies de l’artiste : le portrait de Allie Mae Burroughs, femme d’un métayer de coton, dans l’Alabama, été 1936. Lèvres se mordant, front plissé, posant simplement devant sa maison en bois, cette femme va devenir le symbole de l’Amérique rurale souffrant de la Dépression, suite au krach de Wall Street en 1929 ; une icône de la culture américaine.

La seconde section débute par une nouvelle black box (ou plutôt blue box puisque les cimaises sont bleues !) présentant la propre collection de cartes postales vernaculaires de W. Evans. Elle introduit la partie sur « le vernaculaire comme méthode »: la volonté de faire de l’art sans en avoir l’air ! Une attitude presque conceptuelle, avant-gardiste pour l’époque. L’artiste critiquait en effet la photographie de son temps qui insistait trop, selon lui, sur la lumière et la texture.

« Si les sujets de Evans sont baudelairiens, sa méthode s’inspire des écrits de Flaubert », commente Clément Chéroux, commissaire de l’exposition. Evans s’inscrit à l’opposé d’un artiste comme Alfred Stieglitz qui revendiquait au contraire sa pratique comme artistique. Evans, lui, préfère se mettre en retrait pour mieux faire ressortir son sujet. Ses photographies de masques africains de la collection du MoMA en sont un exemple éloquent : à l’inverse d’un Man Ray ou d’un Charles Sheeler, qui jouent avec les ombres pour renforcer le côté expressionniste de cet art primitif, Evans cherche la neutralité avec un cadre serré, un fond blanc, et en faisant tourner la lumière autour des objets pendant un long temps de pose afin d’en faire disparaître les ombres.

Autre exemple de l’originalité de la démarche du photographe : sa manière de rendre compte de la modernité. Ayant très vite compris que la modernité ne va pas que de l’avant, qu’elle possède une face sombre, que tout progrès possède un revers, Evans capture les carcasses de voiture, l’accumulation de déchets liés à la société de consommation (sans pour autant que cela relève d’une conscience écologique avant l’heure !), les pauvres – sans verser dans le misérabilisme – plutôt que les marques de richesse.

Une grande exposition dans tous les sens du terme : richement fournie et documentée. On découvre avec intérêt des petites peintures alors inconnues de l’artiste. L’angle choisi permet d’apporter un regard neuf sur cette oeuvre dont le style « documentaire » a inspiré des générations d’artistes et de photographes. Well done !

 

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