Les portraits et natures mortes de Vlaminck dévoilées pour la première fois en France

Maurice de VLAMINCK, Nature morte au compotier, 1905. Huile sur toile, 46 x 55 cm. Chartres, musée des Beaux-Arts. Dépôt privé permanent (c) D.R. / ADAGP, Paris, 2007Vlaminck, Un instinct fauve

Jusqu’au 20 juillet 2008

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-VLAMINCK–UN-INSTINCT-FAUVE-VLAMI.htm]

Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard 75006, 01 45 44 12 90, 11€

Le musée du Luxembourg consacre sa nouvelle exposition aux oeuvres fauves de Maurice de Vlaminck (1867-1958), des années 1900 à 1915. Seuls quelques uns de ses paysages étaient montrés jusqu’à alors. Si natures mortes et portraits sont moins importants numériquement, ils sont déterminants du point de vue de son évolution stylistique. Maïthé Vallès-Bled, commissaire de l’exposition, nous entraîne dans son sillon de lumière chatoyante.

Avec André Derain (1880-1954) et Henri Matisse (1869-1964), Maurice de Vlaminck est à l’origine du Fauvisme, ce mouvement créé en 1905 (il s’achèvera au début des années 1910), qui pose pour principe une approche instinctive à la matière. Les couleurs sont violentes, saturées, intenses; la gestuelle du pinceau est impétueuse. Il s’agit de peindre vite pour saisir le moment de peur qu’il ne s’échape. Vlaminck sera le plus radical des Fauves et sera tout de suite repéré par le marchard d’art Ambroise Vollard. Au printemps 1906, ce dernier lui achète une grande partie de son atelier (pour 1200 francs). Ce qui permet enfin à l’artiste de commencer à vivre de sa peinture.

Né à Paris, Maurice commence à peindre dès 17 ans (vers 1893), lorsque ses parents emménagent à Chatou. Le jeune homme fait de longues promenades à vélo le long de la Seine (cf. ses nombreuses toiles intitulées, Bord de Seine). Ces premières peintures ont disparu. Il épouse Suzanne Berly en 1896. Tous deux sont âgés de vingt ans. Pour faire vivre sa famille – ils ont deux filles, Madeleine et Solange (une troisième, Yolande, naîtra ultérieurement)-, Maurice donne des leçons de violon et remporte des courses de vélo et des régates. Son manque d’argent le contraint à repeindre sur les mêmes toiles, après les avoir grattées.

En mars 1901, Vlaminck découvre l’oeuvre de Van Gogh à la galerie Bernheim. Même traitement de l’espace et des couleurs. Cette similitude le boulerse. Tout comme il l’a été lors de sa rencontre avec Derain, au cours d’une permission, un an plus tôt. Ensemble, ils louent un atelier sur l’île de Chatou (dans l’ancien restaurant Levanneur).

1905. Sur le conseil de Matisse, Vlaminck expose sept oeuvres au Salon des Indépendants. Il achète ses trois premières scultpures d’art africain. Il est le premier artiste de sa génération à collectionner les arts océaniens et africains. Il le restera jusqu’à la fin de sa vie. En attestent les magnifiques sculptures Kanak (Nouvelle-Guinée), Baga (Guinée), Fang (Gabon), Yombe (Congo), exposées. Sa toile Les Baigneuses (1907-08) témoigne de cette inspiration primitive (cf. le visage des jeunes filles).
Un an plus tard, Vlaminck rencontre le céramiste André Metthey, basé à Asnières. C’est le début d’une longue collaboration, dont quelques pièces sont ici présentées.

L’apogée de l’expressionnisme de l’artiste est atteint avec ses portraits de petites gens – voisins, amis, prostituées de cabaret -, dont l’exposition propose un ensemble significatif. Corps entourés d’un liseret noir, maquillages forcés, couleurs exubérantes (cf. La Fille du Rat Mort, 1905).

Mais à partir de 1907, une cassure s’opère dans le style de M. de Vlaminck. « Le jeu de la couleur pure, orchestration outrancière dans laquelle je m’étais jeté à corps perdu ne me contentait plus. Je souffrais de ne pouvoir frapper plus fort, d’être arrivé au maximum d’intensité, limité que je demeurais par le bleu ou le rouge du marchand de couleurs » (in Tournant Dangeureux).

Maurice de VLAMINCK, Vins, Liqueurs 1910. Huile sur toile, 73 x 92 cm. Collection particulière. Courtesy Duhamel Fine Art (c) D.R. / ADAGP, Paris, 2007L’artiste renonce donc à la couleur pure (cf. Bord de rivière, 1909) pour se tourner, suivant Cézanne (1839-1906), vers de nouveaux principes de constructions. Il explore les volumes, la structuration des formes; l’espace est rendu par facettes. La nature morte Fleurs (1910) représente un exemple flagrant de cette mutation.
Une coupe de fruits, un pichet, composent souvent, de manière minimaliste, les natures mortes de Vlamick. Ce qui intéresse l’artiste à ce moment là, c’est le bousculement de la perspective, l’interprétation de l’espace.
Mais Maurice de Vlaminck ne va pas jusqu’au bout de son élancement – qui aurait été le cubisme – car il tient trop à la représentation du réel pour s’en éloigner.

Alors que les autres Fauves partent étudier les couleurs du Midi (Collioure), Vlaminck, pour des raisons financières, s’en tient aux vallées de la Seine (Chatou, Argenteuil, Rueil, Bougival, Le Pecq, Villennes-sur-Seine). Il ne partira qu’une petite semaine à Martigues en juillet 1913 sur une invitation de son ami Derain. Le cérébral.

Tandis que Vlaminck sera surnommé l’instinctif. « J’ai tenté toute ma vie de peindre ces sentiments intraduisibles par la parole ou la plume en me servant des couleurs pour arrêter le film du temps et le fixer sur la toile ».

Il ne peut s’empêcher de revenir à la couleur. Maurice de Vlaminck a ouvert la voie à l’Expressionnisme.

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3 réponses à Les portraits et natures mortes de Vlaminck dévoilées pour la première fois en France

  1. JORDAN dit :

    Je ne vois pas où se trouve la perspective dans les deux tableaux « bord de rivière »et nature morte au compotier merci de me donner plus d’informations et d’explication.

  2. farida dit :

    d’ou vient l’expression « fille du rat mort » ? pourquoi « rat mort » qui est ce rat mort ??
    Merci

  3. Sophie dit :

    Bonjour,

    Cette expression peut paraître en effet surprenante. Le Rat Mort est un cabaret de Montmartre et la jeune fille en question y dansait d’où le tableau de Vlaminck intitulé « La Fille du Rat Mort ».

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