Les images intranquilles

Valérie Belin Métisses (Sans titre) / Black Women II (Untitled)
2006, Tirage pigmentaire / Pigment print
Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles © ADAGP, 2015Valérie Belin

Jusqu’au 14 septembre 2015

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee—Exposition-BILLET-MUSEE—EXPOSITIONS-PIDOU.htm]

Catalogue de l’exposition: 

Centre Pompidou, Galerie d’art graphique, niveau 4, Paris 4e

Si les oeuvres de Valérie Belin (née en 1964, à Boulogne-Billancourt) sont entrées dans les collections nationales (MNAM, MAM, Palais Galliera) et internationales (MoMA, San Francisco MoMA) dès 2006, c’est seulement aujourd’hui que le Centre Pompidou organise sa première rétrospective, autour de sa dernière série Super Models. Un thème qui renoue avec le rôle du mannequin, au coeur du travail de l’artiste.

Une trentaine d’oeuvres présentent la « marque de fabrique » de Valérie Belin pour « l’inquiétante étrangeté », défini par S. Freud comme « le fait de douter qu’une créature apparemment vivante soit animée, et à l’inverse l’idée qu’une créature sans vie pourrait bien être animée, en se référant à l’impression produite par les mannequins de cire, les poupées ou les automates réalisés avec art » (1919).

Essentiellement féminines, les sujets de l’artiste sont à mi-chemin entre les mannequins formatés des magazines de mode et des entités réelles. La confusion est particulièrement troublante avec sa série Michael Jackson. Impossible de savoir si l’on est face au personnage réel, à son sosie ou une figure de cire !

Valérie Belin parvient à ce niveau de duperie grâce à son traitement de la lumière – ses toutes premières oeuvres était déjà des photographies de sources lumineuses qui présentaient l’aspect de radiographies ou d’empreintes laissées par la lumière -, l’exagération des proportions, le jeu des contrastes.

La photographe explique ne s’intéresser à la couleur qu’en 2006, après s’être lancé dans le numérique. « Car j’ai retrouvé le niveau de précision que m’offrait le noir et blanc », confie-t-elle. Ses portraits reflètent alors une beauté technologique qui évoque l’esthétique de l’avatar.

Valérie Belin Isthar (série Super Models),  2015, Tirage pigmentaire
Courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles © ADAGP, 2015

« C’est ainsi que l’artiste va mettre à l’épreuve, dans la plus pure tradition baroque, et souvent avec bonheur, jubilation et fantaisie, tous les artifices qui s’offrent aujourd’hui à elle, par le traitement des tons et des couleurs, la solarisation, la superposition, la saturation, l’accumulation », commente Clément Chéroux, commissaire de l’exposition.

Ses dernière séries abordent de nouveau la thématique du mannequin qui est maintenant inscrit (au lieu d’apparaître sur un fond neutre) dans un décor de science-fiction. Ou, pour être plus précise, le corps de ces femmes mi-réelles mi-sublimées semble traversés par le décor.

J’avais découvert avec plaisir l’oeuvre de Valérie Belin à (feu) la galerie Jérôme de Noirmont. J’ai retrouvé cette même fascination devant les oeuvres exposées aujourd’hui. Même sa nature morte composée d’un panier de fruits exotiques dégage ce sentiment d’inquiétante étrangeté. Bien que petite, cette exposition me paraît comme le point d’orgue de la nouvelle présentation des oeuvres modernes et contemporaines du musée national d’art moderne !

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2 réponses à Les images intranquilles

  1. hardouin dit :

    Très bel article, j’apprécie votre contenu en terme de pertinence de sujets. Bravo Sophie !

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