Des sculptures tactiles

Ron Mueck

Jusqu’au 29 septembre 2013 – Prolongation jusqu’au 27 octobre 2013

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-RON-MUECK-MUECK.htm]

[amazon_link id= »030017683X » target= »_blank » container= » » container_class= » » ]ACHETER LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION[/amazon_link]

Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 bd Raspail, Paris XIV

 

 

Après le succès de 2005, la Fondation Cartier expose les nouvelles sculptures de Ron Mueck (né en 1958 à Melbourne), dont il est rare de voir les oeuvres. Car l’artiste fait du temps son allié pour réaliser des figures humaines à la fois très réalistes et décalées.

 

Le visiteur est confronté dans la première salle à un couple géant en maillot de bain, que l’on image lézardant sur une plage bondée de vacanciers à demi-nu. En réalité, ce Couple under an umbrella (2013) baigne dans une atmosphère climatisée et gît au sein d’une salle occupée seulement par le public (habillé!). Une situation incongrue rehaussée par le décalage de la taille des sculptures : des corps géants, étrangers au standard humain, et pourtant si ressemblant. Jusqu’aux poils des bras, la rainure des veines, les rides du front, l’alliance ternie. Ce qui trouble également est l’ancrage du bras de l’homme au buste de sa femme, ligués contre les intrus/visiteurs. Si leur regard ne se croise pas, on sent toute la tendresse qui les unit.

Cette oeuvre constitue une nouveauté dans l’art de Ron Mueck, qui a l’habitude de représenter des figures seules et solitaires. Elle annonce un tournant dans son art car il réitère avec une autre sculpture duale, créée pour l’exposition et présentée au sous-sol, Young Couple (2013). Deux jeunes, en tenue légère, short et tongs, semblent se promener amoureusement dans une rue anglaise – l’artiste vit actuellement à Londres. Le jeune homme se penche sur l’oreille de son amie comme pou lui confier un secret. Mais, oh! surprise, lorsque l’on fait le tour de la sculpture : il lui pince le poignet au lieu de lui tenir la main gentiment comme on pourrait se l’imaginer.

La dernière oeuvre spécialement conçue pour l’exposition se nomme Drift (2009). Elle représente un petit homme, allongé sur un matelas de piscine – l’eau est rendue par la couleur de la cimaise -, suspendu de manière verticale, dans une position de Christ cruxifié. Incongruité de la situation encore, d’autant que l’homme que l’on suppose riche, dans sa piscine privée, huilé, cheveux gominés, montre de « puissant », est ridiculisé par sa position, sa taille de lutin et son caleçon tahitien.

La référence biblique se retrouve dans Youth (2009), représentant un jeune homme noir soulevant son t-shirt blanc pour découvrir, en même temps que le visiteur, sa blessure au flanc. Tel saint Thomas touchant la blessure du Christ dans L’incrédulité de saint Thomas du Caravage, référence explicité par l’artiste lui-même. Contraste de la violence de la blessure et de l’innocence qui se dégage du visage du jeune homme, dont la mini taille lui donne un air enfantin.

Face à lui repose la grosse tête, posée sur une oreille, qui ressemble au visage de l’artiste. Mask II suggère l’agitation du cerveau tandis que l’homme dort.

Changement d’échelle encore pour Man in a boat (2002). Un tout petit homme, nu, est assis dans une longue barque. Une situation hors de l’ordinaire, comme celle de Woman with sticks (2009), dont la douceur de la chair contraste avec la rugosité du bois qui l’a fait ployer.

A l’inverse, Woman with shopping (2013), représente une femme portant son bébé sur le ventre, les deux bras, occupés à tenir des sacs de courses, empêchant toute tendresse avec son bébé.

Enfin, Still Life (2009) évoque une nature morte – fait rare dans l’oeuvre de R. Mueck – avec un poulet égorgé, accroché à un crochet. Là, j’avoue ne pas trop avoir regardé les détails de la sculpture, sûrement mon côté végétarien qui s’offusquait à la vue d’une telle bête!

L’exposition se termine sur le film de Gautier Deblonde qui a filmé l’artiste pendant dix-huit mois. Il permet de comprendre comment de telles sculptures peuvent paraître vivantes grâce au souci du détail, sans pour autant être des portraits humains. Comment la duplication de la nature peut-elle donner un résultat si divergent de la réalité? Plus qu’un art sculptural, il s’agit ici d’un art particulièrement illusionniste.

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

2 réponses à Des sculptures tactiles

  1. Ping :Masculin / Masculin

  2. Ping :Contes cruels Musée de l'Orangerie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *