Plages à Paris selon Daumier

Le coup de vent Le Charivari 12 juillet 1843 © Maison de Balzac / Roger-ViolletParisiens en Seine d’hier à demain

Jusqu’au 28 septembre 2014

Maison de Balzac, 47 rue Raynouard, Paris XVI

A l’occasion de Paris Plages, la Maison de Balzac propose un regard amusé sur les loisirs des Parisiens, sur ou dans la Seine, autour, principalement des caricatures d’Honoré Daumier (1808-1879).

Considérées comme des « compléments de La Comédie humaine » par Baudelaire, les oeuvres de Daumier transcrivent avec humour les joies du canotage, de la pêche à la ligne et des baignades dans les premières piscines aménagées à même la Seine.

Déboires et ridicules de ses compatriotes confrontés à l’eau ne résistent pas à son coup de crayon : gros ventre, petites jambes, bras maigres, taille sans fin, positions grotesques de l’apprenti nageur, canotier chahuté par les vagues, vanité des uns, couardise des autres…

C’est qu’au XIXe siècle l’eau est vécue comme une épreuve plutôt qu’un moment de détente. On estime le baigner non pas pour sa performance aquatique mais pour sa résistance à l’eau et la capacité à lutter contre le froid.

La Seine est une rivière qui prend sa source dans le département de la Côte d'Or Le Charivari 26 juin 1839 © Maison de Balzac / Roger-ViolletLa baignade est interdite à Paris pour des raisons de pudeur – on se baigne souvent nu – mais pas en dehors de la ville. Les Parisiens doivent donc sortir de la capitale ou se rendre dans des « piscines » (eau non chauffée puisqu’on se baigne directement dans la Seine entre quatre murs). Il y a les luxueuses telle celle de Deligny, avec lambris, miroirs, salons privés, coffres à bijoux, etc.,  et les « bains à quatre sous », comparés à des cages à grenouilles.

Une nouvelle manière de descendre le fleuve de la vie Le Charivari 22 avril 1843 © Maison de Balzac / Roger-ViolletLe canotage, qui connaît son heure de gloire sous le second Empire mais se développe sous Louis-Philippe, n’est pas sans risque. Car l’apprenti marin ne porte pas de gilet de sauvetage et sait rarement nager. La fille et le gendre de Victor Hugo en seront victimes à Villequier en 1843.

Quant aux pêcheurs, ils sont gentiment moqués comme des philosophes en puissance.

« Le véritable flâneur de la Seine, c’est le pêcheur à la ligne. En voilà un que les moqueries populaires n’ont pas épargné ; il résiste depuis des siècles aux sarcasmes de vingt générations ; c’est l’homme fort d’Horace : il pêcherait à la ligne sur les ruines du monde. Il se tient là, la ligne tendue, l’oeil aux aguets, faisant silence, et s’étonnant, durant une journée entière, de la ténacité du poisson à ne pas mordre à l’hameçon ; il n’aurait qu’à lever les yeux pour jouir d’un des plus admirables panoramas qui soient au monde ; il reste le regard fixé sur un morceau de liège qui flotte sur l’eau. Appliquez cette patience, cette puissance de concentration sur un objet plus relevé, les mathématiques par exemple, et vous avez Archimède ou Newton. Il y a du pêcheur à la ligne au fond de tout homme de génie » (L’Illustration, 1843).

C’est assurément une exposition à voir avant de se rendre à Paris Plages et de porter le même regard que Daumier sur nos contemporains pour voir si élévation de la gent humain il y eût !

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