Un nouvel espace muséographique au Jardin des Plantes

René HERISSON, La promenade (imaginaire) de Monsieur de Buffon (c) Bibliothèque centrale du Museum d'Histoire naturelle, Paris, 2008Ouverture du Cabinet d’Histoire

Muséum national d’Histoire naturelle, RDC de l’hôtel de Magny, 57, rue Cuvier 75005, 01 40 79 56 01, 3€ (entrée libre jusqu’à début mars 2008).

Le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) se dote d’un nouvel espace muséographique, conçu dans l’esprit d’un cabinet de curiosités. Appelé Cabinet d’Histoire, car il présente essentiellement l’évolution du Jardin des Plantes depuis sa naissance en 1626, cet espace prépare ou prolonge la visite du Jardin, classé monument historique et site naturel. Une invitation à une promenade cultivée à travers quatre siècles d’histoire.

Peu de visiteurs du Jardin – pour 1/3 des Parisiens, 1/3 des Franciliens, 1/3 des régionaux et le reste des étrangers – sont conscients de la haute teneur historique de ce jardin public.

Serin de Mozambique, mâle et femme. In Histoire naturelle des oiseaux, G. L. Leclerc dit Comte de Buffon, Paris, 1771/86 (c) Bibliothèque centrale du Museum d'Histoire naturelle, Paris, 2008Georges Louis Leclerc, Comte de Buffon (1707-1788) est nommé intendant du Jardin royal des Plantes Médicinales en 1735. Ce mathématicien, agronome, naturaliste, est l’auteur de L’Histoire naturelle générale et particulière du Cabinet du Roi, dans laquelle il regroupe les connaissances zoologiques de son temps. Pour fêter le tricentenaire de sa naissance, le MNHN ouvre aujourd’hui ce Cabinet d’Histoire, avec une salle présentant une exposition temporaire qui lui est spécialement dédiée.

Madeleine BASSEPORTE, Aloe rubescens. Vol. 8, fol. 33, vélin 12 (c) Bibliothèque centrale du Museum d'Histoire naturelle, Paris, 2008Une seconde salle à caractère temporaire présente des chefs-d’oeuvre de la bibliothèque du Museum, non accessible au public, en raison notamment de la fragilité des vélins. Ces papiers sans grain, soyeux et lisses, fabriqués à partir de la peau de veau mort-né, s’assimilent à des parchemins, très blancs, fins, transparents, souples et légers. Ils nécessitent une technique particulière d’aquarelle. Ne supportant pas l’exposition à la lumière et les différences de température et d’hygrométrie, ils ne seront exposés qu’un mois, par roulement, en fonction de la thématique d’exposition temporaire. A savoir, de janvier à mars 2008: Le temps de Buffon; d’avril à juin 2008: Les Plantes potagères; d’octobre à décembre 2008: l’aventure des Pôles.

Nicolas HUET, Troisième vue du Jardin des Plantes, le Labyrinthe, 1805 (c) Bibliothèque centrale du Museum d'Histoire naturelle, Paris, 2008Autre point fort de ce nouveau lieu, la maquette (attendue pour début mars) du Jardin des Plantes qui concrétise l’extension de superficie réalisée sous le « règne » de M. de Buffon. L’intendant a fait doubler la superficie du Jardin entre 1771 et 1787, en l’étandant au sud (où la rue Buffon est tracée en 1782), à l’est jusqu’à la Seine, et au nord jusqu’à la rue de Seine-Saint-Victor (actuellement rue Cuvier). C’est pendant la Révolution, un an après la mort de Buffon, que le Jardin du Roi prend le nom de Jardin des Plantes de Paris. En 1795, le Jardin est doté d’une ménagerie, qui constitue aujourd’hui l’un des plus anciens parcs zoologiques au monde. La ménagerie est créée sous l’influence de Bernardin de Saint-Pierre pour accueillir les animaux de la ménagerie royale de Versailles. Dont des ours (cf. l’oeuvre de Paul Lecomte), des éléphants, des phoques et la première girafe présentée en France sous Charles X (1826). Mais pendant la Commune, les Parisiens assiégés mangent ces animaux exotiques…

Jean-Jacques BACHELIER, Les 4 parties du monde caractérisées par les oiseaux qui y vivent. Ici, l'Europe (c) Bibliothèque centrale du Museum d'Histoire naturelle, Paris, 2008Face à la maquette sont exposées des oeuvres, sculptures et toiles qui témoignent d’un art naturaliste. Quatre tableaux représentent les quatre parties du monde tel qu’il était connu à l’époque. L’Europe est incarnée par un coq, un héron et des canards; l’Asie par un casoar [il s’agit en fait d’un oiseau océanien], un oiseau de paradis et une huppe; l’Afrique par la demoiselle de Numidie demoiselle de Numidie et un geai d’Angola; enfin, l’Amérique par un toucan, une poule sultane, et le roi des Courroumoux. Ces oeuvres avaient été commandées par le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour, favorite de Louis XV, pour servir de dessus de porte de salon.

Ecole française du XIXe siècle, La Girafe de Levaillant (c) Bibliothèque centrale du Museum d'Histoire naturelle, Paris, 2008Petite merveille la (fausse) Girafe de Levaillant (fin XVIIIe-XIXe siècle), finit d’égailler cette salle, autrefois « pièce de réunion ennuyeuse », dixit le chargé de com du MNHN, dont je tairais le nom par discrétion! L’oeuvre a ét réalisée par un inconnu, selon les descriptions de François Levaillant. Cet explorateur – ornithologue avait rapporté de ses voyages en Afrique du Sud une peau de girafe mâle et l’avait faite reconstituée à Paris. Le résultat présente des inexactitudes scientifiques (muscles trop développés, longueur des pattes et incohérence de la perspective de l’animal par rapport à l’homme qui la contemple sur sa gauche). Mais sa qualité artistique est indéniable et originale en raison de son cadre en bois doré qui avait dû servir initialement à sertir une oeuvre religieuse.
Un clin d’oeil à la perte de l’influence spirituelle en faveur des avancées de la science…

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