Prince du Rêve

Odilon Redon

Jusqu’au 20 juin 2011

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Galeries nationales du Grand Palais, entrée Champs-Elysées, 75008

Difficile d’être contemporain des impressionnistes et ne pas partager leur vision…tout en participant à leur dernière exposition (1886)! Odilon Redon (1840-1916), bien que recevant une reconnaissance tardive, parvient à affirmer ses choix esthétiques et à les faire reconnaître d’un certain public. Surnommé « Prince du Rêve » par le critique Thadée Natanson, il inspire les jeunes peintres de la couleur, Nabis (Bonnard, Vuillard, Denis, Sérusier) et Fauves. Par-dessus tout, il dialogue à travers sa pratique des arts plastiques – lithographies aussi bien que peintures – avec la poésie de Mallarmé. Comme le démontre la splendide exposition du Grand Palais.

Première rétrospective depuis 1956 (musée de l’Orangerie), « Odilon [Bertrand de prénom de naissance] Redon – Prince du Rêve », présente l’évolution stylistique d’un artiste qui progresse de l’ombre vers la lumière. De ses inquiétantes lithographies Noirs à ses bouquets de fleurs éblouissants, l’artiste bordelais acquiert en fin de vie une sérénité qui se traduit dans ses oeuvres par des couleurs brutes, notamment le bleu de cobalt, synonyme d’un idéal noble et spirituel. En atteste la magnifique Cellule d’or (1892 ou 1893) dont le visage de profil sur fond d’or évoque une icône bizantine.

Mais le bleu du visage choque plus d’un visiteur à l’exposition de 1894, la première organisée en l’honneur de Redon à la célèbre galerie Durand-Ruel. Y compris ceux de qui l’on aurait pu attendre une âme anti-conventionnelle, ou du moins une sensibilité artistique. Comme la fille de Tolstoï, peintre amateur qui séjournait à Paris. Elle rapporte son incompréhension devant un tel anti-réalisme à son père qui, lui-même, écrit dans Qu’est-ce que l’art?: « L’un deux, dont j’ai oublié le nom, quelque chose comme Redan [sic], avait peint une tête bleue en profil. Sur tout le visage il n’y a que du bleu avec du banc de plomb » (p.114, cité par Dario Gamboni dans le catalogue de l’exposition).

A l’inverse, les lithographies de Redon témoignent d’une méticulosité réaliste, qui révèlent son intérêt pour les découvertes scientifiques de son époque, auxquelles l’initie son ami botaniste Armand Clavaud. Il lui fait découvrir la théorie de l’évolution de Darwin, qui marque l’oeuvre de Redon.C’estClavaud qui lui fait également découvrir: Flaubert, Poe et la poésie hindoue.
Bien sûr, les Araignées de Redon ne se contentent pas d’être réalistes par leur physionomie. L’artiste leur adjoint une touche fantasque comme un sourire sarcastique ou des larmes; l’Araignée qui pleure est ainsi évoquée par Joris-Karl Huysmans dans son roman A Rebours (1884). Séduit par ses lithographies, l’écrivain devient un précieux appui pour le peintre.

Entre ses macabres lithographies et fusains qui évoquent un monde obscur, où des êtres difformes évoluent dans un paysage de clair-obscur rembranesque (Hommage à Goya, 1885), et les couleurs flamboyantes d’un Pégase et le serpent (vers 1907) figurent de sublimes pastels. Telle La Coquille (1912) qui fait écho au poème de Mallarmé OC (t.I, p.37-38), comme l’analyse Rodolphe Rapetti, commissaire général de l’exposition: « L’ambiguïté de ce pastel, simple nature morte dont cependant la luminosité surnaturelle incite à une lecture plaçant l’objet hors de sa situation première ». Ou Profil sur méandres rouges (vers 1900), dont « le méandre fournit une bonne image du processus créatif de Redon, ce ‘sentier de la fantaisie’ capable de virages en épingle à cheveux », selon le spécialiste Dario Gamboni.

L’exposition se clôt sur les décors que Redon a exécuté pour l’abbaye de Fontfroide (proche de Narbonne) et ceux de la salle à manger du château de Domecy, marqués par le japonisme (le motif de la branche se poursuit d’un à l’autre tel un paravent japonais), ici reconstitués selon leur disposition originelle. Ce décor témoigne à la fois de la place désormais primordiale qu’acquiert la couleur dans l’oeuvre de Redon et de son impulsion dans le domaine des arts décoratifs. L’artiste recevra de fait une commande officielle – la seule de sa carrière –  d’un ensemble de salon (écran et trois fauteuils). Il réalise également des cartons pour tapis d’inspiration orientale, qui n’ont pu être mis sur métier.

« Autant que Baudelaire, M. Redon mérite le superbe éloge d’avoir crée un frisson nouveau… » écrivait Emile Hennequin en 1882. Ainsi pourrait-on résumer l’originalité du style d’Odilon Redon, qui aimait s’entourer de mystère pour préserver les secrets de son processus créatif.

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