Nouvelle galerie sur l’architecture contemporaine à la Cité de l’architecture et du patrimoine

Moulages de la galerie Davioud. Au centre, pilier des Anges de la cathédrale de Strasbourg (XIIIe siècle). Au fond, baie du transept de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges (fin XIIIe siècle). Sur le mur de gauche, statues de la cathédrale de Reims (c) Cité de l'architecture & du patrimoine/Carole LenfantTrois galeries permanentes: les moulages; les peintures murales et les vitraux; l’architecture
moderne et contemporaine
Les expositions temporaires: La peau, entre texture et ossature
(jusqu’au 31 décembre 2007); Qu’est-ce que tu fabriques? La tour en jeu, de Babel à l’Empire State Building (jusqu’au 6 janvier 2008 – pour les enfants)

Cité de l’architecture & du patrimoine, Palais de Chaillot, 1 place du Trocadéro, 75116, 01 58 51 52 00, 7€

L’espace est immense et il est ardu de comprendre la programmation variée de la Cité de l’architecture & du patrimoine. Un nouveau musée parisien qui ouvre ses portes au public à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, les 15 et 16 septembre 2007. Donc peu importe le charabia qui va suivre, ce qui compte: allez visiter ce nouveau temple culturel!

Vue de la galerie d'architecture moderne et contemporaine. Aménagement de Jean-François Bodin, architecte, en partenariat avec Gao Idees i Projectes SL (c) Cité de l'architecture & du patrimoine/Nicolas Borel, 2007La Cité de l’architecture & du patrimoine (CAP) est logée dans un bâtiment composite construit initialement pour les Expositions Universelles de 1878 et de 1937.
La CAP comprend le musée des Monuments français, qui se décompose en trois parties: la galerie des moulages, la galerie des peintures murales et des vitraux, la galerie de l’architecture moderne et contemporaine (1851-2001).
La CAP propose également une bibliothèque en accès libre, un auditorium, « la Rue »(autre espace d’exposition), le salon de l’Ifa qui propose trois fois par an à un architecte d’aménager les 100m2 comme il l’entend (1ers invités à partir du 19 septembre 2007: Dominique Jakob + Brendan Macfarlane), et l’Ecole de Chaillot (formations et cours publics sur l’histoire de l’architecture).

Pour en revenir à ce que nous avons pu voir lors du vernissage presse: le musée des Monuments français. Le projet remonte au 29 octobre 1879 lorsque Jules Ferry promet « un monument à l’art français », un an après le rapport de Viollet-le-Duc qui préconise la construction d’une exposition permanente sur les moulages des magnifiques sculptures médiévales françaises. Est ainsi créé le Musée de la Sculpture Comparée, devenu ensuite le musée des Monuments français, aujourd’hui rénové par l’architecte Jean-François Bodin et assorti d’une nouvelle galerie consacrée à l’architecture contemporaine. Vous suivez toujours?

La galerie des moulages s’ouvre sur le magnifique portail de l’église abbatiale Saint-Pierre de Moissac (Tarn-et-Garonne), qui représente l’apparition du Christ au jour du Jugement dernier. Le tympan du portail offre une vision de l’Apocalypse tandis que les bas-reliefs des murs latéraux racontent en images l’enfance du Christ et la parabole du mauvais riche. Ce portail incarne l’apogée de l’art roman languedocien.
Trois cent cinquante autres moulages en plâtre et 60 maquettes d’architecture et de charpentes (Sainte Chapelle de Paris, opéra du Palais Royal, couvent des Minimes, etc.), présentés par ordre chronologique (art roman/gothique/Renaissance) et géographique (par département) permettent au visiteur parisien de découvrir les richesses du patrimoine français. Cela procure une étrange impression de décalage d’observer ces gigantesques pièces d’extérieur dans un lieu fermé! Mais quelle fascination pour ce travail de titan qui mêle savoir ancestral et nouvelles technologies. En effet, pour reproduire la polychromie – appliquée dès 1230 (hypothèse néanmoins non entièrement validée) – de ces édifices religieux du Moyen-Age, le musée des Monuments français a eu recours au numérique. Ainsi, face à la statue du Beau-Dieu, un écran plat haute définition, encastré dans un mobilier haut, sert de fenêtre dans laquelle la statue reproduite numériquement se pare progressivement de couleurs. Une caméra capte en temps réel la lumière de la galerie et la polychromie se nuance en fonction de la lumière extérieure et des éclairages artificiels intérieurs.

LE CORBUSIER (Charles-Edouard Jeanneret dit), Unité d'habitation, Marseille, 1947-1952 (c) Cité de l'architecture & du patrimoine/Bérangère LomontA l’étage, les aficionados de l’architecture contemporaine seront comblés. Multiples maquettes, reconstitution grandeur nature d’un appartement de la Cité Radieuse de Le Corbusier (Marseille), nombreux terminaux interactifs, permettent tant au néophyte qu’au professionnel d’élargir sa culture en la matière.
L’espace de cette galerie est divisé en deux thèmes: grosso modo, « bâtir – le métier d’architecte » et « l’évolution des constructions ». Du Crystal Palace (1851) à Londres – symbole de la révolution Joseph PAXTON, architecte, Crystal Palace, Londres, 1851 (détruit par un incendie en 1936). Maquette: métal, bois et plexiglas, 2002-2005, échelle 1/100. Sylvain Le Stum, concepteur. Michel Goudin, maquettiste (c) Cité de l'architecture & du patrimoine/Hervé Ternisien, 2007industrielle – à la façade haussmannienne en passant par les HLM et les gratte-ciel. En France, le premier gratte-ciel voit le jour en 1931 à Villeurbanne (le tout premier au monde date de 1884 à Chicago) mais reçoit un accueil mitigé. Ce pourquoi la première grande tour habitée à Paris n’est conçue qu’en 1960 et la première tour de bureaux, la tour Nobel – imaginée par Jean de Mailly, Jacques Depussé et Jean Prouvé, ne pousse qu’en 1966 à La Défense.
Aujourd’hui l’accent est mis sur l’intégration des bâtiments dans leur environnement géographique et culturel. Ainsi, Bercy qui abrite le ministère des Finances incarne la puissance par le volume massif de ses bâtiments. A l’inverse du centre culturel Tjibaou à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) conçu par Renzo Piano qui rappelle l’habitat traditionnel kanak – continuité des murs et de la toiture et usage du bois pour respecter l’environnement naturel.
MOREAU frères, entrepreneurs, Maison démontable en fer pour les colonies, 1888-1889. Maquette: bois, laiton, tôle de fer, vers 1889, échelle 1/10 (c) Dépôt du musée des Arts et Métiers, Cnam, Paris/Michèle Favareille, photographe, 2007 Le visiteur découvre également, entre autres, la Maison du Désert de Jean Prouvé et de Charlotte Perriand (décor intérieur) montable en seulement quatre jours par quatre personnes! Elle était destinée aux prospecteurs de pétrole dans le Sahara. Ou la Maison démontable en fer pour colonies des frères Moreau (vers 1889) dont tous les matériaux étaient expédiés depuis la métropole. Avec les moyens de transport de l’époque, cela devait être un sacré voyage!
Quant à l’exposition sur « La peau, entre texture et ossature », dont la scénographie a été conçue par les architectes Hamonic + Masson, elle présente 14 projets sur les dernières constructions en France.

Coupole de la cathédrale de Saint-Etienne de Cahors et couronnement de la Vierge de l'église Notre-Dame de Vernais (Cher). Peinture à la détrempe, toile marouflée. Copie réalisée par Léon Raffin, Marcel Nicaud et André Regnault en 1949-50 (c) Cité de l'architecture & du patrimoine/Nicolas Borel, 2007Enfin, ne manquez pas de faire un détour par la salle de lecture de la bibliothèque (1ère étage) pour admirer le chef d’oeuvre de la copie des fresques bibliques de la voûte de Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne), souvent qualifiée de « Sixtine romane », et feuilleter les beaux livres d’architecture mis librement à la disposition du public.
Les deuxième et troisième étages présentent 80 copies de peintures murales romanes (1030 à la moitié du XIIe siècle), gothiques (deuxième moitié du XIIe siècle jusqu’au XVIe) et de la Renaissance ainsi que cinq copies de vitraux (dont ceux des cathédrale Notre-Dame de Chartre et Saint-Pierre de Poitiers).

Au final, la CAP entend proposer une approche nationale et internationale (cf. programmation des expositions de 2008 sur la Chine) de l’architecture, de ceux qui marquent/ont marqué son histoire (monographies consacrées à Rudy Ricciotti, Claude Parent, etc.). Mais aussi sur l’urbanisme (projets de ville, concours, jeune architecture). La finalité ultime étant de faire prendre conscience au visiteur que l’architecture est non seulement une discipline de l’art. Mais, elle conditionne aussi notre quotidien, de notre habitat à notre lieu de travail, du centre sportif ou culturel aux domaines skiables et autres stations balnéaires. Voir la ville autrement. Etre conscient de son environnement. Tels sont les buts de ce musée du troisième millénaire.

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3 réponses à Nouvelle galerie sur l’architecture contemporaine à la Cité de l’architecture et du patrimoine

  1. arnold dit :

    A voir absoluement. Quand vous sortez de cette exposition vous ne pensez plus qu’ a partir visiter ou revisiter tous ces sites.

  2. audrey bacino dit :

    Vous avez fait une faute assez grave (surement d’intattention d’ailleurs) en disant que le Centre Culturel Jean Marie Tjibaou de Noumea est en…Nouvelle Zealande! C’est en Nouvelle Caledonie! D’ailleurs ce centre culturel rends hommage a l’homme politique kanak. voila, en esperant que vous rectifirez!

  3. Sophie dit :

    Merci pour la correction de mon étourderie !

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