110 photos de Moï Wer

Ci-Contre

Jusqu’au 23 décembre 2012

Fondation Henri-Cartier Bresson, 2 impasse Lebouis, Paris XIV

 

La Fondation Henri Cartier-Bresson présente 110 tirages originaux du livre Ci-Contre réalisés par le photographe lituanien Moses Vorobeichic dit Moï Wer puis Moshé Raviv (1904-1995). Grand maître de la surimpression et de l’angle à 45°.

L’exposition s’articule en deux temps. Le premier étage présente le reportage réalisé par Vorobeichic en 1929 sur le quartier juif de sa ville natale, Lebedevo, près de Vila (Vilnius en russe, la ville se trouvant à l’époque dans l’Empire russe). « J’ai tout simplement laissé aller mon Leica […] La mise en page et les montagnes sont bien évidemment inspirés du cinéma », précise l’artiste. Vorobeichic capture la misère du ghetto juif, mêle les vues des rues étroites et les portraits. Déjà, il superpose, colle et agrandit les images.

Ce livre, intitulé Ein Ghetto im Osten, Wilna (1931), et traduit en hébreu, allemand et anglais, contraste avec le second grand projet de sa carrière consacré à Paris. Aux rues figées de Vilnius se substitue le rythme vibrant de la capitale qui attire alors nombre d’artistes étrangers. Les foules, les automobiles défilent au cours des pages. Vorobeichic, qui se fait appeler maintenant Moï Wer, renvoie une image encombrée, fourmillante, vivante, de la capitale française. Publié en 1931, le recueil connaît un véritable succès. Ce qui permet à l’artiste d’intégrer l’agence Globe-Photo, spécialisé dans le reportage international.

Cependant,  l’exposition ne montre aucun des clichés parisiens. Elle s’intéresse plutôt à la troisième réalisation de Moï Wer : le livre Ci-Contre, mené également en 1931. Constitué de 30 double-pages, il est composé de photos où domine la surimpression. « La meilleure de toutes les techniques visuelles », selon le célèbre professeur hongrois du Bauhaus, Laszlo Moholy-Nagy, particulièrement admiré par Vorobeichic. La maquette du livre est présentée dans sa totalité et dans l’ordre choisi par Moï Wer.

Les clichés, non titrés, sont associés selon un motif récurrent qui se décline par trois. Ainsi observe-t-on un parallèle entre la dentelle des robes de poupées, des roches érodées par l’eau, et la forme de la végétation. Ou encore, un arbre se reflétant dans un miroir se rapproche des stries d’un rondin de bois qui font le lien avec des caisses en bois (les double-pages n’étaient malheureusement pas disponibles en visuels presse).

L’exposition s’achève sur une frise constituée des clichés des activités agricoles et manuelles des fermes collectives juives d’Europe centrale. Installé en Palestine en 1934, Moï Wer se fait dorénavant appelé Moshe Raviv. Lors de la création d’Israël en 1948, il met son art au service du mouvement sioniste et réalise des affiches de propagande. Son travail est également utilisé pour illustrer des livres destinés à la jeunesse.

Au début des années 1950, Moshe Raviv fonde une colonie d’artistes à Safed au nord d’Israël. Délaissant la photographie, il se tourne vers la peinture religieuse. C’est alors que son nom tombe peu à peu dans l’oubli. L’exposition de la Fondation HCB nous en offre une belle (re) découverte.

 

 

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