Le Marais en Héritage(s)

Françoise Schein, rue du Roi de Sicile, anciennement 48 rue des droits de l’homme, 2014. Installation lumineuse. Paris, collection particulière. Courtesy V Contemporary Art Gallery www.5contemporary.com/ © Françoise Schein, ADAGP 201550 ans de sauvegarde, depuis la Loi Malraux

Jusqu’au 28 février 2016

Catalogue de l’exposition : 

Musée Carnavalet, Histoire de Paris, 16, rue des Francs-Bourgeois, Paris 3e

Comme les centres historiques de Lyon, Chartres, ou Aix-en-Provence, le quartier du Marais bénéficie d’un dispositif de protection patrimoniale spécifique. Le musée Carnavalet en présente les contours, dans ce qui sera sa dernière exposition avant sa propre rénovation (prévue entre 2016 et 2019) !

La loi du 4 août 1962 instaure en France les secteurs sauvegardés dont le caractère historique justifie « la conservation, la restauration et la mise en valeur ». Le Marais – 126 hectares environ (1,2% de la surface de Paris) sur les 3e et 4e arrondissements – représente le premier quartier parisien à faire l’objet d’un plan de sauvegarde (la partie Est du 7e arrondissement en est le seul autre). André Malraux, ministre de la Culture, justifiait en1962 : « Sur la plupart de ces quais au-delà de Notre-Dame ne figure aucun monument illustre […]. Ils sont les décors privilégiés d’un rêve que Paris dispense au monde, et nous voulons protéger ces décors à l’égal de nos monuments » (intervention à l’Assemblée Nationale, 23 juillet 1962).

La Place des Vosges Photographie de Roland Liot 20 décembre 1975 © Roland Liot

Mais loin d’être figé depuis cette loi, le quartier a connu bien des avatars ! Entre l’idée folle de Le Corbusier de raser l’îlot 16 (16 hectares au sud du 4e arrondissement) pour construire des tours au coeur de Paris et les révoltes des riverains menacés d’expulsion, le Marais attise les passions ! Ainsi des résidents lèguent des trésors architecturaux au musée Carnavalet. Et lorsque Aimé Maeght projette d’implanter sa Fondation dans le 4e arrondissement, 5.000 manifestants se rendent à l’Hôtel de Ville (1975). La pression médiatique est telle que le Conseil de Paris finit par renoncer à voter le projet.

Anonyme. Panneau de l’hôtel d'Aumont. Chêne sculpté et peint en blanc, décor rapporté doré. 1774-1791. Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet

Le parcours met ainsi en perspective 50 ans d’évolution d’un quartier, aussi riche en hôtels particuliers érigés aux XVIe, XVIIe, et XVIIIe siècles. Qu’en architecture contemporaine (logements sociaux conçus par les architectes Chartier-Corbasson, réhabilitation de l’ancienne Société des Cendres par l’architecte Pierre Audat). Dernière en date : la restauration par l’agence de Rem Koolhaas, d’un ancien entrepôt transformé en centre d’art contemporain pour les Galeries Lafayette, au 9 rue du Plâtre (4e).

Bâtiment existant et tour d'exposition de la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, Maquette 1-100e du projet de l’agence OMA © OMA

Si les habitants du Marais seront forcément touchés par cette thématique, j’ai été surprise de découvrir à quel point elle s’adressait à un public bien plus large, un tant soit peu intéressé par l’évolution urbaine et architecturale de Paris. Riche en animations interactives, l’exposition est très bien conçue et mise en scène. Elle offre en outre une invitation à la promenade. Au sein du musée pour découvrir les décors intérieurs qui n’ont pas pu être déplacés (tel le décor du cabinet de l’Hôtel Colbert de Villacerf). Mais aussi à l’extérieur grâce au petit guide d’exposition pour retrouver les constructions évoquées dans le parcours. Ne manquez pas la visite du siège de l’association Paris Historique au 44/46 rue François Miron (4e), au sein de la maison restaurée d’Ourscamp, qui abrite un cellier du XIIIe siècle et une cour avec des colombages d’époque (un des rares de Paris !).

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