Le Palais Idéal de Ferdinand Cheval: la concrétisation d’un rêve fou

Affiche de l'exposition, Bernard Rancillac, Le Facteur Cheval, acrylique sur papier, 2006 - (c) ADAGP, Paris, 2007Avec le Facteur Cheval

Jusqu’au 1er septembre 2007

Musée de la Poste, Galerie du Messager, 34 bd de Vaugirard 75015, 01 42 79 24 24, 6,50€, entrée gratuite le 19 avril 2007 en l’honneur du jour anniversaire du Facteur Cheval, et Concert exceptionnel par Edouard Bineau et Sébastien Texier le 19 mai 2007 à l’auditorium du musée (entrée libre dans la limite des places disponibles) dans le cadre de la nuit des musées.

Comment imaginer qu’un « simple » facteur puisse réaliser une oeuvre d’une telle envergure? C’est ce que propose de comprendre l’exposition du musée de la Poste, qui rend hommage à Ferdinand Cheval, ancien facteur des Postes à Anneyron (Drôme). A partir d’un rêve fou, cet homme a bâti de ses mains un palais des merveilles, devenu aujourd’hui une référence mondiale de l’architecture « naïve »…

Ferdinand Cheval (1836-1924), surnommé Facteur Cheval, a consacré ses heures de loisir, pendant 33 ans, à modeler une création de son esprit. « Que faire? en marchant perpétuellement dans le même décor, à moins que l’on ne songe? Pour distraire mes pensées, je construisais en rêve un palais féérique » (Cahier de décembre 1911).

Michel Fischer, Le Palais Idéal, 2006 - (c) Photo: Michel FischerSon Palais Idéal, érigé à Hauterives (Drôme), voit finalement le jour après un incident. « Au moment où mon Rêve sombrait peu à peu dans les brouillards de l’oubli, un incident le raviva soudain; mon pied heurta une pierre qui faillit me faire tomber » (1879). Cette pierre d’achoppement représentera le matériau de construction essentiel du futur palais féérique, « dépassant l’imagination, tout ce que le génie d’un humble peut concevoir (avec grottes, tours, jardins, châteaux, musées et sculptures) cherchant à faire renaître toutes les anciennes architectures des temps primitifs » (Cahier du 11 décembre 1911).

Fils de paysan, Ferdinand Cheval entend prouver que dans sa classe sociale, des hommes de génie et d’action existent et méritent considération. A l’âge de 43 ans, F. Cheval entreprend d’étoffer son instruction, jusqu’à là élémentaire, en lisant et travaillant dur. Le Facteur et sa Brouette, carte postale - (c) Archives du Palais IdéalChaque jour, au cours de ses tournées, le facteur accumule des pierres, pour les assembler sans relâche après son devoir postal. Le Palais est assemblé en 1912; ses murs atteignent jusqu’à 12m de haut, 24m de long, 14m de large, et sont illustrés de scènes d’inspiration biblique et orientale.

Si Ferdinand Cheval a réalisé seul ce chef d’oeuvre, considéré comme l’unique exemple d’architecture naïve par André Malraux (1969) qui décide de le classer monument historique, le Facteur s’est certainement inspiré du magazine Pittoresque (cf. notamment les bas-reliefs égyptiens).

Pablo Picasso, Le Facteur Cheval, 69., 7 août 1937, Collection privée, Courtesy BFAS Blondeau Fine Art Services, Genève - (c) Droits réservésCette création monumentale par un homme finalement exceptionnel a suscité des hommages d’autres artistes d’exception. Des Surréalistes (André Breton, Max Ernst, Pablo Picasso) aux Nouveaux Réalistes (Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely); des photographes (Robert Doisneau, Brassaï, Valentine Hugo) aux cinéastes (Clovis Prévost, Jacques-Bernard Brunius); en passant par les musiciens de jazz (Harrison Kennedy, Edouard Bineau, Sébastien Texier). Enfin, aux Etats-Unis, citons l’oeuvre de Sabato (dit Simon) Rodia – « le Facteur Cheval de Los Angeles » – maître constructeur des Watts Towers.

Paul Amar, Le roi imaginaire, coquillages et laque, 2006, Collection de l'artiste  - (c) Photo: Piere-Emmanuel RastoiL’oeuvre de Cheval a également suscité des vocations, telles celles de Marie-Rose Lortet et ses constructions en dentelle, Joaquin Ferrer et sa thématique des labyrinthes, Paul Amar et ses sculptures à base de coquillages colorés et pailletés, Richard Fauquet et ses sculptures en verre. Toutes sont plus extravagantes les unes que les autres.

Une exposition bien ficelée, divisée en trois parties qui s’enchaînent de manière fluide, telle l’eau, source de vie de la construction. Et, avec pour point de départ la maquette du Palais Idéal réalisée par l’architecte Alain Duperron (1983-84).

« Quand on pense qu’il y a des gens normaux qui mettent 40 ans à faire leur maison Phénix, on se dit que le Palais Idéal c’est quand même mieux » (Richard Fauguet). Sic !

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