La Comédie parisienne

Jean-Louis Forain (1852-1931)

Jusqu’au 5 juin 2011

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Petit Palais, avenue Winston Churchill 75008

A l’instar de Balzac qui s’était attelé à décrire la Comédie humaine, Jean-Louis Forain, peintre moraliste du début du XXe siècle, prend pour mission de dénoncer les moeurs de la société parisienne. Le Petit Palais lui consacre une grande rétrospective – plus de 200 oeuvres – qui met en avant l’évolution stylistique et politique de ce fougueux artiste.


S’inspirant des théories impressionnistes sur les couleurs et la lumière, J.L. Forain fait de son oeuvre une quête des émotions. Cependant, s’il participe aux discussions enflammées menées par Degas et Manet au Café Guerbois puis à La Nouvelle-Athènes, et expose à quatre reprises avec eux (de 1879 à 1886), ses paysages ne sont guère traités d’après nature.

Ce qui intéresse l’ami de Verlaine et de Rimbaud, c’est la reconstitution d’une atmosphère. A l’Opéra, par exemple, il capte ce qui se passe derrière la scène et devant les loges des spectateurs. Très éloquent, Devant le décor, traduit la satire des moeurs de ses pairs, en représentant un homme lorgnant sur le décolleté d’une mondaine.
L’Opéra n’est pas que la magie du spectacle, c’est, à l’époque, un marché de la prostitution. Les hommes s’y abonnent pour avoir accès au foyer et choisir impunément leur future maîtresse. L’artiste dénonce autant cet huppé marché aux femmes que celui, plus prosaïque, des maisons closes (cf. Le Client) pour témoigner de la banalité de la prostitution.

Le peintre croque sur le vif les scènes de la vie quotidienne. Dans la rue, il s’attache à rendre les variations de la lumière artificielle, les ombres qui en découle sur les visages et les vêtements. Il représente autant l’élégante que la prostituée, le dandy que le bourgeois à ses affaires.

J.L. Forain se fait remarquer pour ses dessins aux traits vifs et acides, qui rappellent Daumier. A partir de 1887, Le Courrier français, Le Figaro, L’Echo de Paris, et même The New York Herald s’arrachent ses services. L’éditeur Charpentier lui offre l’opportunité d’éditer 248 de ses dessins, qu’il intitule La Comédie parisienne. Il collaborera jusqu’en 1925 avec la presse et réalisera plus d’un millier de dessins en 35 ans. Après les moeurs, Forain s’attaque aux affaires de la IIIe République: scandale de Panama (1892), crise anarchiste, séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905). Il ira jusqu’à se fourvoyer en menant le combat contre Dreyfus (1894-1906).

Jean-Louis Forain travaille également l’affiche aux côtés de Toulouse-Lautrec.
Il tâte de la mosaïque et réalise 17 cartons, exécutés par l’Italien Facchina (auteur, entre autre, du pavement de mosaïque du Petit Palais). Ils ornent la façade du Café Riche, à l’angle du boulevard des Italiens et de la rue Le Peletier, avant que celui-ci ne soit rasé en 1899.

Au contact de son ami Huysmans, Forain retrouve la foi. Il réalise alors des estampes bibliques et décide, à partir de 1900, de se consacrer à des « travaux d’art plus dignes ».

Ses oeuvres crépusculaires sont marquées par un nouvel élan gestuel et le goût de l’inachevé. Selon lui, « un tableau, pour être ragoûtant doit être terminé en esquisse. […] C’était le secret de Rembrandt, de Rubens, de Fragonard ».

Plus tard, Rouault, Van Dongen, Derain, Hopper jusqu’à Plantu s’inspirent de son esprit de synthèse et de ses personnages enveloppés dans de grands plans.
Le trait incisif de Jean-Louis Forain ne recule devant aucune hardiesse. Il se moque autant qu’il s’insurge des moeurs de son temps tout en participant aux faux-pas de l’époque. Une exposition à la fois lumineuse et tragique, qui sait rendre l’atmosphère électrique de la Belle Epoque aux Années Folles.

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