Henri Cartier-Bresson et la naissance du photojournalisme « intime »

Couverture originale du 'Scrapbook', DRLe Scrapbook d’Henri Cartier-Bresson

Fondation Henri Cartier-Bresson, 2 impasse Lebouis 75014
21 septembre – 23 décembre 2006
01 56 80 27 00

Le scrapbook – album de photographies – d’Henri Cartier-Bresson rassemble des images réalisées entre 1932 et 1946, témoins d’une époque mouvementée. La Fondation éponyme a restauré ces premiers clichés qui reflètent le style C.-B. – marque de signature de la célèbre agence Magnum.

Pourquoi H. C.-B. doit (presque) tout au MoMA…


Pendant la Seconde Guerre mondiale, Henri Cartier-Bresson (1908-2004) est fait prisonnier, alors qu’il est photographe pour les armées à Metz. Pensant qu’il a disparu, Nancy et Beaumont Newhall du Museum of Modern Art de New York (MoMA) organisent une exposition de son oeuvre à titre posthume. Mais, H. C.-B. parvient à s’évader et, prenant connaissance de ce projet, il rassemble 346 épreuves. A son arrivée à New York, il les colle dans un album, le fameux scrapbook.Cent soixante-trois photos sont choisies par le MoMA. Elles sont tirées en grand format pour l’exposition, inaugurée en février 1947 – un véritable succès. Le photographe français se distingue par la précision de son regard, sa liberté dans les gestes, tout en ne se préoccuppant pas de l’aspect technique; ce qui fascine les Américains.
Fort de cette célébrité émergente, Henri Cartier-Bresson crée l’agence Magnum, avec la collaboration de Robert Capa (1913-64) et de David Seymour (1911-56).La sélection que Cartier-Bresson avait opérée pour son scrapbook commence par des clichés à Marseille (1932), lorsqu’il vient d’acheter son premier Leica – un objet fétiche qu’il gardera ensuite toujours attaché à son poignet (exposé au 3ème étage de la Fondation).

« L’art pour l’art »: des clichés sans but, à la sauvette

Avec son ami d’enfance André Pieyre de Mandiargues et l’Italienne Leonor Fini (compagne du précédent), Henri C.-B. loue une Buick pour découvrir l’Europe. L’Italie, l’Espagne, le Maroc sont autant d’occasions pour le photographe en herbe de travailler son style, caractérisé par « l’instant saisi », lorsque le sujet photographié perd son attitude de pose pour retrouver son état naturel.

En 1934, Cartier-Bresson atteint le Mexique, où il photographie les gens ordinaires, dans la rue, les prostituées. Il y reste un an et finit par exposer avec Manuel Alvarez Bravo (1902-2002).

Un an après, les deux artistes exposent de nouveau ensemble, à New York – Documentary & Anti-graphic Photographs, dirigé par le collectionneur d’art moderne Julien Levy – avec la participation du célèbre photographe américain Walker Evans (1903-75).

Mais 1935 marque également une rupture: H. C.-B. délaisse provisoirement la photographie pour s’intéresser au cinéma, après sa rencontre avec Paul Strand. De retour en France, il est employé comme assistant auprès de Jean Renoir, pour La vie est à nous et Une partie de campagne (1936).

1936, les premiers congés accordés par le Front Populaire entraînent les Français dans une activité nouvelle: le farniente sous les tentes de camping, le long des routes de France et au bord des rivières! Un événement qu’un photographe « historien » ne pouvait manquer.

Retour à la photographie journalistique…

Henri Cartier-Bresson réalise son premier reportage en couvrant le couronnement du roi George VI à Londres (1937), en compagnie de l’écrivain Paul Nizan (1905-40). La fin de la guerre s’accompagne du retour des prisonniers, des grands procès en Allemagne, avec la photo choc d’une femme qui reconnaît une indicatrice de la Gestapo (1945).

… et artistique

Page originale du 'Scrapbook', Henri Matisse chez lui, villa 'Le Rêve', 1943 - (c) Henri Cartier-Bresson/MagnumL’exposition se termine sur une note plus gaie, affichant les photographies des amis et de la famille proche d’Henri Cartier-Bresson. Les plus grands sont là – Giacometti, Picasso, Eluard, Bonnard, Claudel, Irène et Frédéric Joliot-Curie, Rouault, Camus, Matisse, etc. – immortalisés mais non figés, à la fois témoins d’une époque révolue et tellement vivants, contemporains.

Une petite exposition précieuse, qui met en valeur l’humanité des photographies de l’un des artistes français les plus célèbres. « Je n’ai aucun message à délivrer, rien à prouver à voir et sentir, et c’est l’oeil surpris qui décide […] », disait H. Cartier-Bresson. Assurément, une nouvelle manière de percevoir le monde, pour l’époque.

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Une réponse à Henri Cartier-Bresson et la naissance du photojournalisme « intime »

  1. ragot dit :

    Merci, je saute comme le géant d’une expo à l’autre, je vais de ravissement en sublimité, encore merci.

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