« Moi, Tarzan, toi, Jane »: même pas dans le texte!

Affiche de l'exposition Tarzan! ou Rousseau chez les Wasiri. Musée du quai Branly, Paris, été 2009 (c) musée du quai Branly / Tarzan TM and Edgar Rice Burroughs TM owned by E. R. Burroughs Inc., Used by permissionTarzan! ou Rousseau chez les Waziri

Jusqu’au 27 septembre 2009

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-DROIT-D-ENTREE-AU-MUSEE-BRANL.htm]

Galerie suspendue est, musée du quai Branly, 206,218 rue de l’Université / 27,37,51 quai Branly 75007, 8,5€

Tarzan au musée du quai Branly! Est-ce si étrange? « Non! », répond Stéphane Martin, Président du musée, qui a eu l’initiative de cette exposition. Car, par ces temps de mondialisation et de crise, on assiste à un retour aux sources. Soit, l’Afrique originelle – berceau de la civilisation -, sauvage mais aussi idéalisée. Retour sur un mythe multimédia (livres, BD, émissions radiophoniques et télévisuelles, fims, disques, figurines, etc.) qui fascine toujours autant. Depuis 1912!


Pour Roger Boulay, commissaire de l’exposition, le mythe de Tarzan agit comme un faire-valoir de « l’Occident en creux par rapport aux fantasmes d’une civilisation non-occidentale ». Mettons lderechef les points sur les ‘i’, Edgar Rice Burroughs (1875-1950) n’a jamais mis les pieds en Afrique lorsqu’il invente le personnage de Tarzan! Pire, cette incarnation occidentale du wonderman, d’autant plus puissant qu’il n’est vêtu que d’une simple peau de léopard et doit tout à sa force physique (foin de gogo-gadget), aurait pu ne pas voir le jour… si son auteur n’avait pas été contraint de trouver une idée géniale pour se substantuer.

Panthère. Ancienne collection du Prince d'Arenberg (c) musée de la chasse et de la nature, Paris / D.R.Dans l’Amérique de 1900, E. R. Burroughs est marqué par deux événements. L’influence du darwinisme, omniprésente à l’époque et l’ouverture dans sa ville nature du Field Museum of Natural History (Chicago, 1874). Ce musée a l’honneur de présenter pour la première fois des animaux empaillés – d’où les lions et panthères exposés au quai Branly -, dans une expression dynamique. A l’instar des muscles de Tarzan, qui même à l’arrêt, restent tendus (cf. affiche)!
Par ailleurs, le fondateur du musée, Marshall Field (1834-1906), sera un important contributeur du Chicago Art Institute dans lequel seront exposés l’essentiel des dessinateurs du futur Tarzan.

Le jeune Héraclès apprend à tirer à l'arc auprès du Centaure Chiron. D'après Dubreuil Toussaint (1561-1602). Château de Fontainebleau (c) Photo RMN / Gérard BlotPour son personnage, E. Rice Burroughs s’est inspiré de nombreux mythes qu’il a plus ou moins ouvertement reconnu. Celui du bon sauvage – d’où le titre qui en appelle à Rousseau et aux Waziri, tribu qui recueille Tarzan. Mythe du super héros, d’Héraclès (référence à ses Douze travaux) à King Kong (l’homme de la Nature sauve la femme blanche, i.e. la Civilisation) et Batman (héros urbain contrairement à Tarzan, issu de la jungle forestière, mais les deux se retrouvent dans leur volonté de sauver le monde). Sans oublier Remus et Romulus (cf. la récente publicité Lavazza). Et surtout, bien que Burroughs ait mis une trentaine d’année à le reconnaître, l’enfant sauvage du Livre de la Jungle de Rudyard Kipling.

Tarzan au creux de son arbre. Jean-Noël Lavesvre. Céramique. Collection particulière (c) Photo J. Pepion / Tarzan TM and Edgar Rice Burroughs TM owned by E. R. Burroughs Inc., Used by permissionTarzan est donc ce Sur-Homme physique, mi- illettré (il ne sait pas lire mais est polyglotte, y compris dans la langue antropoïde qui lui permet de s’adresser à tous les animaux), né quelque part en Roumanie avant de se retrouver dans la jungle africaine d’où le sortira un lieutenant français. Celui-ci le fait venir à Paris pour lui faire reconnaître son ascendance aristocratique. Puis, il gagnera Londres (combat de Saint Georges terrassant le dragon) et le reste du monde, où il enchaînera des aventures, toujours plus héroïques.

Le mythe de Tarzan a inspiré une cinquantaine de films, adaptations hollywoodiennes auxquelles participera E. R. Burroughs. Une petite salle noire regroupe les photographies de ces films où posent les différents Tarzan. Dont l’ex- nageur Johnnny Weismuller, à la carrière athlétique, à côté d’un langoureux Christophe Lambert, aux cheveux longs. « S’il n’y avait pas eu ce mauvais cinéma hollywoodien, peut-être que le mythe n’aurait pas pris », reconnaît ironiquement Roger Boulay. De fait, le mémorable « Moi Tarzan, toi Jane » provient d’une adaptation cinématographique et non du roman de Burroughs.
Dessin extrait des planches d'Hogarth. Collection particulière (c) Photo J. Pepion 2008 / Tarzan TM and Edgar Rice Burroughs TM owned by E. R. Burroughs Inc., Used by permissionDevenu héros de bande dessinée, Tarzan prend toute son ampleur sous la plume de Burne Hogarth, dont une cinquante de planches est reproduite tout au long de l’exposition. Le dessinateur a su sculpter au héros un corps, véritable tissu de muscles en perpétuelle tension.

Dans tous les cas, qu’il soit décliné en héros papier, jouets ou jeux vidéo, l’homme de la jungle ne se départit pas de sa pagne de léopard et de son cri fantastique. Un concours de cri est d’ailleurs organisé dans le jardin du musée. Avis aux amateurs de vocalises!

« Aujourd’hui, Tarzan a de beaux jours devant lui », souligne le commissaire de l’exposition. Le super héros vert est en effet un précurseur écologique, à contre-courant des trafiquants d’ivoires et d’esclaves, qui, après chaque aventure urbaine, revient systématiquement dans le giron de Mère Nature. Comme l’illustre la publicité finale de Jean-Paul Goude pour le parfum Guerlain Homme (le visage du mannequin se transforme en panthère).
Jamais exposition n’avait été aussi ludique au musée du quai Branly. La scénographie est pensée comme une forêt diffuse dans laquelle le visiteur doit se frayer un chemin en suivant les bulles de BD. Les figurines en plastique alternent avec les animaux empaillés et de remarquables oeuvres provenant des musées du Louvre, Orsay, Fontainebleau, Poissy et de la Cité Internationale de la Bande dessinée. En somme, un savant capharnaeum!

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Une réponse à « Moi, Tarzan, toi, Jane »: même pas dans le texte!

  1. chrysantheme dit :

    Désolée, mais Tarzan nait bien dans la jungle d’un père et d’une mère anglaise, et non pas en Roumanie .Il faut relire le premier volume de la série.

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