Subordonner l’individuel à l’universel

Mondrian / De Stijl

Jusqu’au 21 mars 2011

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Centre Pompidou, galerie 1, 75004

L’oeuvre du peintre néerlandais Piet Mondrian (1872-1944) marque un tournant décisif dans l’histoire de la peinture moderne. Comme le montre l’exposition du Centre Pompidou, qui présente les peintures et les dessins créés par Mondrian à Paris, dans le cadre plus global du mouvement de Stijl.


En 1918, une année après la fondation officielle du groupe et la publication du premier numéro de la revue qui diffuse la doctrine du mouvement, les créateurs de Stijl synthétisent leur vision esthétique et sociale. Ils appellent à un nouvel équilibre entre l’individuel et l’universel et militent pour la libération de l’art, enfermé dans les carcans de l’individualisme. Le Stijl s’inspire à la fois de la philosophie de Spinoza et du mouvement théosophique, alors largement répandu en Hollande. Autour des trois figures centrales du mouvement – Mondrian, Van Doesburg, Rietveld – gravitent les peintres Bart Van der Leck, Georges Vantongerloo et Vilmos Huszar; les architectes J.J.P. Oud, Robert van’t Hoff et Jan Wils; le poète Anthony Kok. Ils seront rejoints par la suite par le graphiste Piet Zwart et l’architecte urbaniste Cornelis Van Eesteren.

Durant les quatorze années de son existence le mouvement s’applique à transcrire au niveau plastique, pictural et architectural les principes d’une harmonie universelle. Pluridisciplinaires, les productions de Stijl outrepassent les cloisonnements traditionnels et académiques entre arts majeurs et mineurs, entre arts décoratifs, architecture et urbanisme.

Au coeur du mouvement figure Mondrian. À Paris, l’artiste découvre le cubisme de Picasso et abandonne la peinture divisionniste ou fauve de ses débuts pour partir en quête d’un « langage pictural universel ». Entre 1912 et 1920, il passe progressivement du cubisme au néoplasticisme (Nouvelle Plastique Abstraite) et chemine de « la réalité naturelle à la réalité abstraite ». En décomposant les formes, Mondrian aboutit à la plastique pure, fondée sur des rapports entre différentes surfaces colorées et suivant une logique d’harmonie et d’équilibre. Cette dialectique horizontal/vertical, où les couleurs pures (bleu, rouge, jaune) se juxtaposent aux non-couleurs (noir, blanc, gris) dans une géométrie combinatoire, abolit la perspective et permet d’infinies variations. Entre 1912 et 1938, il crée sur ce principe une centaine de peintures, qui lui permettent de mettre en place sa théologie du néoplasticisme selon laquelle: « Tout se compose par relation et réciprocité. La couleur n’existe que par l’autre couleur, la dimension par l’autre dimension, il n’y a de position que par opposition à une autre position. »

Le tableau est ouvert et constitue le fragment d’un ensemble plus vaste, s’ouvrant sur un monde de métaphores. L’horizontale évoque la terre, la mer, le principe féminin ; la verticale rappelle l’arbre, le principe masculin, etc.
La division de la toile en quadrilatères entre en rapport avec le cadre de l’oeuvre, avec le mur où il se trouve, avec la pièce, avec la cité. « Le néoplasticisme est un monde exact qui lie l’ordre pictural à une utopie sociale, spirituelle et poétique », explique Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne.

Dans son atelier du 26, rue du Départ, à Montparnasse, traité lui-même comme un tableau, comme un espace d’art total, Mondrian vit sobrement et conjugue diverses entreprises: théorique, éditoriale et commerciale. Toujours dans l’objectif de défendre son idéal néo-plastique et d’activer son réseau artistique.

Il fréquente ceux qui comptent – les Delaunay, les Arp, Jean Hélion, Mallet-Stevens, Pierre Chareau et Le Corbusier, les cubistes, les futuristes, les constructivistes, les artistes dada et les abstraits -. Mondrian accueille également de jeunes recrues, comme Calder venu spécialement à Paris en 1930 pour le rencontrer.

À Paris, il trouve ses premiers collectionneurs, ses premiers disciples et critiques. Le 26, rue du Départ devient le point d’ancrage d’un monde nouveau, le « poème de l’angle droit » selon Le Corbusier.

Son atelier est présenté selon la réplique exacte de l’original dans le film réalisé par François Lévy-Kuentz, diffusé par Arte Editions (DVD de 52mn, 20€). Mondrian, passionné de danse et de jazz, revit dans ce lieu qui reflète le bouillonnement artistique régnant à Paris, en particulier dans le quartier de Montparnasse, grâce à sa présence et son entreprise radicale.

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