L’innocence archaïque

Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844-1910) La charmeuse de serpents, 1907 Huile sur toile, 167 x 189,5 cm Paris, musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé LewandowskiLe Douanier Rousseau

Jusqu’au 17 juillet 2016

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-MUSEE-D-ORSAY—ENTREE-JOURNEE-ORSAY.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion-d’Honneur, Paris 7e

Le musée d’Orsay propose de replacer la singularité de l’oeuvre d’Henri Julien Félix Rousseau (1844-1910) dit le Douanier Rousseau dans la tendance de l’art occidental qui, du XVIe aux deux premières décennies du XXe siècle, a délibérément adopté un style naïf, en opposition à la peinture officielle.

L’exposition met en avant le rôle essentiel du Douanier Rousseau dans l’avant-garde parisienne. Des grands maîtres comme Picasso, Delaunay, Kandinsky, Carrà (1881-1966) – co-fondateur du Futurisme italien -, ont non seulement admiré son oeuvre mais ils l’ont aussi collectionné.

Le parcours débute avec un pied de nez aux dires de l’artiste qui prétendait avoir inventé l’art du « portrait-paysage ». A savoir un portrait au premier plan et un paysage à l’arrière plan. Or, on sait bien qu’avec les maîtres italiens, dont le célèbre Léonard de Vinci et sa Joconde, ou, comme présenté dans l’exposition, Vittore Carpaccio et son Portrait d’homme au bonnet rouge (vers 1490/93, Venise, musée Correr), ce genre s’est développé bien la naissance d’Henri Rousseau !

Autodidacte, il se met tardivement à la peinture – à l’âge de 40 ans – et ne reçoit aucune formation académique. Il cultive son style faussement naïf, mêle audace et archaïsme, simplifie la perspective à l’image des primitifs italiens (notamment Paolo Ucello).

Le Douanier Rousseau – surnom donné par Alfred Jarry car employé comme commis de 2e classe à l’Octroi de Paris en 1871 – positionne ses modèles de front et s’amuse à renforcer les erreurs anatomiques.

Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844-1910) L’Enfant à la poupée, 1904-1905 Huile sur toile, 67 x 52 cm Paris, musée de l’Orangerie © RMN-Grand Palais (musée de l’Orangerie) / Franck Raux

Ses paysages semblent figés tandis que ses personnages anonymes sont les spectateurs des progrès de la modernité (avions, dirigeables).

Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844-1910) Les Pêcheurs à la ligne, 1908-1909 Huile sur toile, 46 x 55 cm Paris, musée de l’Orangerie © RMN-Grand Palais (musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski

Bien que n’ayant jamais quitté Paris, Henri Rousseau a créé un monde exotique ; il retranscrit ses visions fantastiques, inspirées des récits de voyage de ses camarades artilleurs revenus de la guerre du Mexique, de ses visites régulières au Jardin des Plantes ou encore des albums d’images exotiques diffusées au début du XXe siècle par les éditions des Galeries Lafayette.

« Toutes ces influences ont alimenté des toiles riches en détails, au chromatisme éclatant, dont les motifs réels coexistent avec les inventions fabuleuses », commente Claire Bernardi (conservateur au musée d’Orsay), co-commissaire de l’exposition.

Images oniriques d’un paradis perdu que sont ses Jungles, dont Le Rêve (1910, New York, MoMa) et l’oeuvre finale Le lion, ayant faim se jette sur l’antilope (1895/1905, Bâle, Fondation Beyeler). Qui, présentée au Salon d’Automne de 1905, à proximité des oeuvres de Matisse, Derain, Vlaminck, a certainement contribué à l’éclosion du terme « Fauves ».

Une exposition où les oeuvres dialoguent entre elles, mettant en avant les leçons du passé (sources d’inspiration) et les tendances à venir. L’exposition est étayée de nombreuses citations, en particulier de G. Apollinaire qui a très tôt soutenu l’artiste. Enfin une nouvelle expo à Orsay que je prends plaisir à voir et à recommander !

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