3000 boutons !

Horst, collection Elsa Schiaparelli, été 1937 (c) Conde Nast Publications IncDéboutonner la mode

Jusqu’au 19 juillet 2015

Catalogue de l’exposition : 

Musée des arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, Paris Ier

Le musée des arts décoratifs présente une collection de 3.000 boutons, qui a acquis le statut d’oeuvre d’intérêt patrimonial majeur. Ces pièces sont en effet uniques par la préciosité de leurs matériaux et des techniques nécessaires à leur fabrication.

Les boutons sont présentés avec une sélection de vêtements de mode féminine et masculine des grands couturiers : Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Christian Dior, Jean Paul Gaultier, etc.

Réalisés par des artisans aussi divers que passementiers, brodeurs, orfèvres, verriers, céramistes, paruriers, ces boutons ont nourri l’imagination d’artistes tels Jean Arp et Alberto Giacometti (pour Elsa Schiaparelli) ou encore Maurice de Vlaminck (pour Paul Poiret).

Les maisons de Haute Couture Dior, Balenciaga, Mme Grès, Givenchy, Balmain et Yves Saint Laurent ont, quant à elles, privilégié le travail de bijoutiers comme Francis Winter.

Cire sur porcelaine, strass, fin XVIIIe siècle. Les Arts Décoratifs, photo Jean Tholance

Tableaux, gravures, dessins et photographies de mode soulignent l’importance de ces pièces, qui bien que toutes petites, se révèlent des oeuvres à part entière.

Le bouton, apparu au XIIIe siècle, doit attendre la fin du XVIIIe siècle pour connaître son âge d’or. Il devient alors un produit de luxe dont la valeur peut dépasser celui de son support.

Son importance sur un vêtement est lié au fait qu’il détermine l’équilibre d’une silhouette. Mais il permet également d’afficher ses opinions (humoristiques, intimes, politiques) : rébus, portraits de la famille royale, prise de la Bastille.

Ce n’est que vers 1780 que le bouton apparaît dans la mode féminine, sur des robes et corsages aux coupes inspirées des vêtements masculins. Puis ils arrivent sur les bottines et les gants et à partir de 1850 sur la lingerie fine.

Hellstern & Sons, vers 1920/25, chevreau. Collection du Musée international de  la chaussure

Les boutons s’inspirent ensuite des modes picturales : Art Nouveau puis Art Déco (années 1920).

Son déclin s’amorce en 1980 lorsque les couturiers reviennent à des créations plus minimalistes et rendent au bouton sa fonction originelle. Mais, malgré l’apparition de nouveaux systèmes de fermeture (glissière, bouton pression, velcro), le bouton a encore sa place dans la mode. Comme le montrent les créations qui ponctuent la fin du parcours : tailleur pantalon entièrement recouvert de petits boutons de nacre (J.P. Gaultier) et manteaux de la maison Céline.

Cette collection de boutons a été rassemblée à travers le monde par Loïc Allio qui révèle dans un truculent abécédaire qu’une nonagénaire américaine (Mme Jacobi) lui a proposé de lui offrir billet d’avion et hébergement à New York s’il lui rapportait des boutons anciens vendus aux enchères Drouot. Avant de voir cette exposition, je n’avais pas conscience que le bouton pouvait générer de tels émois ! Dorénavant je ne rechignerai plus à recoudre les boutons des vêtements de mes enfants en hommage à ces délicates pièces rondes !

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