Métaphores des enjeux climatiques

Hicham Berrada, Céleste, 2014 Courtesy galerie Kamel MennourClimats artificiels

Jusqu’au 28 février 2016

Catalogue de l’exposition : 

Espace Fondation EDF, 6 rue Récamier, Paris 7e, Entrée libre

En relation avec la tenue de la COP 21 (21e Conférence des parties de la convention cadre des Nations Unies sur le climat), l’Espace Fondation EDF propose une transcription artistique des enjeux climatiques.

Entre la recréation d’un véritable nuage par Tetsuo Kondo (et Trabssolar) et les photographies de Hicham Berrada représentant une fumée toxique se répandant sur la nature (on se croirait dans Lost !), les artistes parviennent à évoquer les enjeux climatiques de manière percutante ! Il est vrai qu’il est plus que temps de prendre conscience que nous sommes entrés dans une ère anthropocène [c’est à dire que l’homme modifie la planète plus que tout autre phénomène naturel]* et métaphorique.

Ils répondent ainsi à la demande de Camille Morineau, commissaire de l’exposition, qui souhaitait par cette exposition évoquer « un geste poétique plutôt que politique » afin de ne pas entrer en concurrence avec « les images, déclarations et informations de tout genre qui seront révélés à l’occasion de la COP 21 » (30 novembre – 11 décembre 2015).

L’oeuvre clé de cette exposition est la reconstitution physique (ou plutôt chimique) d’un nuage par Tetsumi Kondo, auquel on accède par un escalier. Il renvoie autant au nuage atomique qui a bouleversé l’harmonie de la nature au Japon qu’au nuage ensemencé inventé après la guerre pour lutter contre la sécheresse. Tout en utilisant la technologie, l’artiste évoque en filigrane le bouleversement que cette dernière a provoqué sur l’ensemble de notre écosystème. « Non seulement l’avancée technologique s’est dissociée de la notion de progrès, mais elle s’est associée à la catastrophe », commente Camille Morineau.

Tetsuo Kondo en partenariat avec TRANSSOLAR, Cloudscapes, 2012 Collection de l’artiste

Face à ce nuage – qui pose la question de savoir s’il est naturel ou artificiel – Ange Leccia diffuse des images de la mer qui lui ont été inspirées par le Japon, justement. Une mer sauvage, qui se dresse telle un tsunami, afin de bousculer notre habitude de la voir de manière horizontale. Et de mettre en valeur la zone blanche des vagues : l’écume, « cet espace qui se fait et se défait de manière immuable », précise l’artiste.

Dans une salle obscure, Hicham Berrada a développé dans des aquariums un écosystème à partir de différents produits chimiques.  Il engendre des formes qui évoluent pendant plusieurs mois sans jamais se stabiliser. On pourrait imaginer que nous en soyons réduits à cet état de filaments si l’on en venait à ne pas stopper la pollution planétaire !

Hicham Berrada, Présage, 2013 Courtesy galerie Kamel Mennour

A l’étage, les photographies de Chris Morin-Eitner évoquent également la nature que l’on manipule, autant que les images que l’on prend d’elle, en insérant une faune et une flore équatoriales au coeur de Paris.

Chris Morin-Eitner, Paris Opéra Garnier Ballet, 2012 Collection de l’artiste

Une exposition qui, sous couvert de nous inviter à une belle contemplation poétique, suscite réflexions et, je l’espère, réactions pour acter en faveur de la transition énergétique !

* Néologisme inventé par le Néerlandais Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie en 1995, confirmé par les résultats d’une étude publiée le 19/01/2015 dans The Anthropocene Review.

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