L’art de manger

FANG GABON Statuette de reliquaire byeri Bois et pigments. H. : 32,5 cm Ancienne collection de Charles Ratton Musée Dapper, Paris. Inv. n° 5206 © ARCHIVES MUSÉE DAPPER PHOTO HUGHES DUBOISRites et traditions

Jusqu’au 12 juillet 2015

Catalogue de l’exposition : 

Musée Dapper, 50 avenue Victor Hugo, Paris XVI

Difficile d’imaginer depuis notre cuisine high tech qui ne sert bien trop souvent qu’à réchauffer des plats au micro-onde qu’en Afrique, en Insulinde (Asie du Sud-Est insulaire) et en Océanie des femmes prennent le temps de respecter des rites liés à la consommation de nourritures terrestres ou célestes. Le musée Dapper leur rend hommage.

Le parcours de l’exposition s’intéresse aux contenants qui sont utilisés pour accomplir les rites liés à la nourriture dans certaines sociétés traditionnelles africaines, asiatiques ou océaniennes.

MÉLANÉSIE ARCHIPEL BISMARCK / ÎLES DE L’AMIRAUTÉ  Plat Bois et pigments L. : 114 cm Collection particulière © PHOTO HUGHES DUBOIS, PARIS, BRUXELLESGénéralement, un grand plat permet à chacun de puiser sa portion avec sa main droite ou une cuillère. Ce plat collectif est  sculpté en fonction du prestige de celui qui le possède.
Si les jarres, pots et autres récipients utilitaires qui permettent de conserver les céréales, le lait, l’huile et l’eau sont moins travaillés, une attention particulière est accordée aux coupes, coupelles et bols recevant les mets partagés par les convives.

Les repas communautaires sont souvent liés à la vie religieuse et exigent des sacrifices d’animaux domestiques (poules, coqs, moutons, chèvres, cochons), que les humains consomment après en avoir offert une partie (sang, peau, pattes, viscères, plumes) aux êtres de l’au-delà. Ces offrandes visent à contrecarrer les mauvaises intentions des ancêtres ou à se faire pardonner d’une transgression.

MALI «Autel» boli Bois, matières sacrificielles ;  à l’intérieur : cornes d’antilope remplies de poudres végétales et figurine en fils de coton H. : 43 cm Collection particulière © PHOTO THIERRY OLLIVIERAlcool, sang, bouillie de céréales sont ainsi répandus par terre ou sur un autel pour concilier les esprits des divinités/ancêtres. Les Bamana (Mali) croient, par exemple, que le fait d’asperger le boli (autel en bois et rempli à l’intérieur de matières sacrificielles : cornes d’antilope remplies de poudres végétales et figurine en fils de coton) de sang réactive ses pouvoirs, tels faire tomber la pluie, favoriser les naissances, soigner, prédire l’avenir.

MÉLANÉSIE  ARCHIPEL DU VANUATU / AMBRYM Assommoir à porcs Bois et pigments. H. : 97 cm Ancienne collection d’Eduard von der Heydt Museum Rietberg, Zurich. Inv. n° RME 703 © MUSEUM RIETBERG, ZURICH PHOTO B. KAMMERER et R. WOLFSBERGERSi le riz est célébré chez les Igugao (Philippines) ou les Dan (Côte d’Ivoire / Liberia),
la chair animale est considérée comme une denrée luxueuse, consommée principalement lors de cérémonies. Le cochon est ainsi la principale richesse qui permet aux nobles du Vanuatu (Mélanésie) de gravir les échelons des sociétés d’initiés.
Seuls les individus initiés (et aguerris !) peuvent consommer de la chair humaine.

MENDE SIERRA LEONE Coupe Bois et pigments H. : 18,5 cm Ancienne collection de Josef Herman Musée Dapper, Paris Inv. n° 1620 © ARCHIVES MUSÉE DAPPER PHOTO HUGHES DUBOISPas de rituels sans produits stimulants : bétel, kava, noix de kola, gin, bière artisanale, vin de palme égaillent les fêtes.

Dans ces sociétés, manger ne sert pas seulement à nourrir son corps mais à révéler certaines valeurs essentielles au groupe auquel on appartient. « Manger est un acte social qui inscrit l’individu dans sa culture. Il traduit un savoir-faire (pêche, chasse, agriculture) tant dans l’accès à l’alimentation de base que dans sa préparation et sa consommation », explique Anne van Cutsem-Vanderstraete (historienne de l’art, co-commissaire de l’exposition).

Les ustensiles sont façonnés à partir de l’environnement naturel propre à chacune des sociétés étudiées (bois, fibres naturelles, coquillages, perles de verre, terre cuite) et présentent une grande diversité visuelle. Ces matériaux bruts acquièrent, selon moi, une grâce et une intensité sans égales grâce au savoir-faire de ces sociétés artisanales, qu’elles se transmettent de génération en génération.

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